Hier matin, je prends un petit dejeuner assez matinal dans un petit etablissement qui sert d'excellent shakes a la banane. Leve tot, j'ai quelques heures avant de sauter dans le bus qui va me trainer jusque Banlung, plus au nord, vers la frontiere du Laos.
Alors que j'ingurgite d'excellents hashbrowns dans un bon pain frais, arrose de moutarde, mon regard est attire par une cage dans le fond de la salle. Dans cette minuscule cage, une petite creature semble bouger, titubant quelque peu. Forcant la vue, je decouvre que c'est un petit singe qui doit avoir a peine un mois. Il est tout maigre, et semble sedebattre pour deja tenir sur ses jambes. Une jeune fille debarque de derriere le comptoir, et lui tend une banane, que le petit singe grignotte peniblement a travers les barreaux... Le petit animal partage sa cage avec un genre de peruche qui semble ne pas faire attention a lui. Bien-sur, quand on est en Asie, on imagine toutes sortes de choses pour cet animal en cage. D'avance, je sais ce qui pourrait lui arriver, c'est a dire fumer des cigarettes ou danser sur les tables pour amuser les touristes peu scrupuleux... Je tente donc d'en savoir plus.

Questionnant le jeune serveur qui parle tres bien anglais, j'apprend que ce bebe singe doit avoir environ 15 jours, et il a ete trouve dans la province de Ratakiri (tout pres de l'endroit ou je me rend plus tard), a cote de sa maman morte... Il aurait donc ete traine jusqu'ici pour etre mis a l'abri des braconniers et des chasseurs qui n'hesitent pas a tuer ou capturer de jeunes animaux pour leurs viande ou pour les vendre comme animaux de compagnie. C'est un probleme tres frequent et de grande importance au Cambodge, mais est-ce la justification pour le garder dans cette cage microscopique? Le bebe singe aurait donc, selon lui, ete ramene ici pour etre mis en securite dans cette cage, a l'ecart du braconnage, et appartiendrait a une fille qui travaille au restaurant. Les explications semblent un peu floues et confuses, et je ne comprend pas pourquoi ce singe est ici alors qu'il devrait etre soigne par un veterinaire ou rendu a un centre de rehabilitation pour animaux sauvages. Qui plus est, la chose troublante est qu'il y a un sanctuaire pour animaux sauvage a Banlung, a deux pas de l'endroit ou on l'aurait trouve, et qu'il aurait ete plus logique de l'amener directement la-bas pour etre pris en charge... Plus j'ecoute le jeune serveur, plus les choses sont confuses... Apres avoir un peu discutte, la cage du bebe est ouverte, et il sort pour "gambader" un peu entre les tables du restaurant. Il tient a peine debout, et semble stresse par le bruit alentour. Je tente de l'attraper alors qu'il passe pres de moi, et il se met a crier un peu plus fort... Sentant que le petit singe a besoin de calme, je le tiens contre moi, le prennant contre ma poitrine, et il se tait directement, pour finalement s'endornir apres une ou deux minutes. Il est tres fatigue, et dors maintenant a poings fermes. Que faire?...

Je decide de parler a la proprietaire, et de negocier la liberation du singe. Je ne peux pas et ne veux pas le garder, mais je peux probablement le ramener vers un centre qui saura que faire. Par ailleurs, il a besoin d'un veterinaire, ayant une petite infection aux yeux... Je demande donc a parler a la proprietaire, qui daigne se montrer apres insistance de ma part. Une nouvelle fois, j'ai droit a des explication qui deviennent de plus en plus vagues et illogiques. Que veulent-ils vraiment faire de ce singe? J'insistepourtant, expliquant mon point de vue avec motivation.

C'est alors que se passe une chose tout a fait inattendue. Le jeune serveur, assis a quelques metres de la, ecoutant bien-sur la discussion qui prenait le tournure d'une negociation difficile, intervient. Ainsi, pendant environ 201 minutes, j'ai droit a la veritable version de cette histoire, a laquelle rien ne pouvait me preparer. En effet, le jeune homme m'explique enfin que le bebe singe n'est pas la pour rien. Il m'explique qu'il connqit tres bien le centre pour animaux de Banlung, et que ce centre est simplement comme tous les autres au Cambodge, c'est a dire bidon... Le personnel du centre reccueille quelques animaux assez forts pour survivre seuls, fait croire aux touristes qu'il s'en occupe reellement, mais ne fait que recolter les donation et subventions pour se les caler dans la poche. Il le connait tres bien, il l'a vu. Il explique ensuite que c'est la meme histoire avec les dauphins de l'Irawaddy, espece en voie de disparition imminante, et que le gourvernement ne fait en pratique rien pour s'en occuper. La seule chose qui est vraiment la, c'est le guichet ou les visiteurs payent 9$ par tete de pipe, mais aucune infrastructure ou programme reel pour les sauver. Il explique ensuite que les residents locaux n'en 'ont pour la plupart rien a faire des animaux ou de l'ecosysteme, et qu'ils coupent allegrement tous les arbresde la foret, et vendent les animaux aux voisins vietnamiens ou thais pour une bouchee de pain. On peut se procurer un bebe tigre pour 50$... Il dit egalement que quand il etait plus jeune, des elephants sauvages passaient encore a proximite de Kratie, mais qu'ils ont pour la plupart ete vendus en Thailande pour les "Elephant Ride Trekking"... Maintenant, plus un seul elephant sauvage n'est visible dans toute la region. Si l'on veut participer a un trkking dans la jungle pour entrevoir les animaux, on peut tout au plus apercevoir quelques araignees ou des serpents... L'ensemble des autorites et des villageoois ne font vraiment attention qu'au fric, et sont insensible aux vrais problemes de la nature qui disparait au Cambodge.
Au fur et a mesure qu'il m'explique tout cela, je commence a comprendre ou il veut en venir avec le singe... J'ai peine a imagine qu'un animal de ce genre soit plus en securite dans une cage, qu'entre les mains de specialistes ou dans son habitat naturel. Ainsi, ils ont reccueilli ce bebe singe, pour s'en occuper avec attention, le baigner, le nourrir du lait et de l'alimentation specifique, lui donner les medicament qu'un veterinaire leur a effectivement prescrit, et attendre qu'il soit assez fort pour le rendre a un zoo ou a un sancturaire (!!!). Mais pas avant.

En fait, le  jeune serveur s'excuse ensuite de m'avoir raconte tout cela, et me dit qu'il n'aime pas dire du mal de son pays, mais que les choses sont ainsi. Il est tres amer... Selon lui, le Cambodge est un merveilleux pays a voir de l'exterieur, mais des qu'on en gratte la surface, on peut trouver autant de choses tristes et deroutantes. Il comprend mon envie de faire le bien pour le bebe singe, mais me garanti que si je l'emmene a Banlung pour le donner au sanctuaire, il ne tiendra pas une semaine... D'apres la motivation et la certitude avec laquelle il me raconte tout cela, je peux juger de sa sincerite, est n'etre que desole... Je lui donne cependant un dollar pour qu'il puisse acheter de la nourriture pour le singe, et retourne attendre mon bus pour Banlung.

Je passerai, si je peux, voir le centre pour animaux sauvage, et jugerai de moi meme. Le serveur m'a dit que si les choses avaient change, je devait revenir le trouver pour le lui dire... Avec quel interet on peut parfois traverser le mirroir pour regarder comment c'est derriere. On provoque ceraines fois cette rencontre, ou elle se presente d'autres fois a nous sans prevenir. C'est ce qui c'est passe hier matin, A Kratie.
 
Vutha nous accoste alors que nous sommes coince a Kompong Cham, dans l'attente d'un bus... Il est environ 13h, et nous avons quitte Siem Riep le matin du 24 vers 6h. Avec trois autres voyageurs, cela fait a peu pres 3 heures que nous guettons la correspondance pour Kratie, qui aurait du arriver vers 10h30. Il fait tres tres chaud comme souvent ces jours-ci, et Vutha nous propose a boire et a grignotter quelques graines de fleurs de lotus. Il attend egalement le bus, avec une patience infinie, pour se rendre au mariage de son amie dans un village proche de Kratie, le lendemain. Comme de coutume avec les Khmers, Vutha fait preuve d'une immense curiosite a notre egard, et nous pose mille question dans un anglais etonnament bon. Pour sa part, ce jeune khmer d'environ 25 ans etudie a Siem Riep et loge chez son frere. Pour financer ses etudes de gestion, il bosse comme moto taxi aussi souvent que possible, ce qui lui impose de tres longues journees. Il n'a pas une minute de libre habituellement... Alors que nous discuttons, il semble nous momtrer beaucoup d'affection. Apres quelques minutes, il nous propose meme de le rejoindre le lendemain au mariage de sa copine... Experience a ne pas manquer; un mariage traditionnel Khmer... Sans hesitation, j'accepte, avec une autre des voyageuses.

Nous avons donc rendez-vous le jour suivant, a 16h, pour prendre un petit bateau qui traversera le Mekong et nous amenera a l'embarcadaire du petit village ou se tient la ceremonie. Il fait tres chaud, et l'idee de devoir m'habiller un minimum pour l'occasion ne m'enchante guere... Alors que je supporte a eine un cinglet, je  choisis pourtant d'enfiler mon jeans et ma chem,ise a fleur orange, superbe achat a Bangkok. Arrive au bateau, je suis deja trempe de sueur. Le bateau quitte Kratie et apres une trentaine de minute de navigation nous largue a l'endroit prevu, sur l'aurtre rive. Me voila alors propulse dans la 4eme dimension, tous les regards braques sur nous, et les rires se multipliant sur notre passage... Nous avancons entre les nombreuses tables et Vutha nous retrouve finalement (sans trop de peine je dois dire...) Nous marchons entre les tables, environ une grosse vingtaine de 8 places chacune, pour nous diriger vers une des deux maisons mitoyennes, dans lesquelles les festivites semble aller bon train egalement. Les deux habitations, tout en bois, sur pilotis, construction traditionnelle, sont decores de tissus colores, et celle de gauche cache les jeunes maries... Nous grimpons les marches, sous les yeux ebaillis d'une centaine de personnes, pour decouvrir a l'interieur de celle-ci une armee de ventilateurs braques sur le jeune couple. Dans la brise salvatrice, nous sommes presentes aux maries et avons le grand honneur de serrer la main de monsieur et de complimenter madame. Tous deux portent une tenue traditionnelle, doree et finement brodees (un peu kitsch malgre tout), et font apparition pour etre photographies quand des visiteurs enterent dans la maison. La famille du marie compte 11 freres et soeurs, ce qui est normal pour le Cambodge, et nous assistons a la photo de famille. Une vraie petite equipe de foot... Apres cette sceance photo, a laquelle nous serons egalement convies, nous nous rendons a la seconde maison pour etre presentes au proprietaire des lieux, qui semble etre egalement l'oncle de la jeune epouse. Le monsieur a plus de 60 ans, et il est infiniment honore de nous recevoir. Il nous fait assoir a la meilleure place, nous offre les boissons, branche les ventilateurs oriente specialement vers nous... Il est avide de discussion, et Vutha traduit tout ce qu'il nous raconte, de la guerre avec la Khmer Rouges, a la description de sa maison, en passant par sa nimuscule connaissance de la langue francaise... Il est tres touchant, et tellement sympathique que je ne peux que l'adorer... Alors que la maison, entierement ouverte sur l'exterieur, voit passer de nombreuses personnes qui se changent ou qui viennent nous voir, le vieux monsieur nous demande de l'appeler "Papa"... Il est si doux et paternel que nous ne pouvons refuser... pour la soiree, au moins, ce sera Papa.

Apres une longue heure et demie de discussion et de rires, de politesses et de courbettes, viola enfin le moment de se rafraichir et de manger. Nous nous installons a une table ou un groupe de khmer est deja occupe a rigoler. C'est eux qui nous font signe de les rejoindre, nous n'hesitons pas. des que la table est au complet, c'est a dire 8 personnes, des erveurs apportent les boissons et la nourriture. C'est une veritable pluie de biere, et une avalanche de plats qui s'abat sur la table. Impossible de tout decrire, il y en a trop; boeuf marine aux legumes, salade de soja et pieds de poulets, soupe de poissons aux herbes, tonnes de riz... Pour les boissons, c'est de la biere. Simple mais efficace. en effet, au cours du repas, on ne boit JAMAIS seul. Il est donc de rigueur de trinquer et de porter un toast, et si quelqu'un boit, tout le monde boit. Ce qui signifie qu'on leve son verre toute les deux minutes environ. Verre qui ne se vide JAMAIS d'ailleurs... comme par magie, il est toujours rempli a raz bor de biere et de glace, largement aide par un voisin qui veux que vous passiez une bonne soiree. Au debut, nous rigolons poliment avec les Khmers assis avec nous, a la fin du repas ce sont des eclats de rires trempes de biere qui retentissent de tous les cotes sans probleme de comprehension aucun. Papa, assis a la table voisine, vient toutes les 5 minutes nous gratifier d'un bisous ou d'un petite "Tete a Tete" (Laurent me comprendra) qui signifie chez les Khmers "je suis heureux d'etre avec toi". C'est vraiment sympa! Facile de briser la glace avec quelques grammes d'alcool dans le sang...
Puis le repas touche a sa fin, et c'est l'heure de danser. Me voila trainer litteralement sur la piste de danse. Sous les applaudissements, les rires, les regards eberlues, ou les moqueries bruyantes, nous sommes l'attraction principale de la soiree. Les quelques pas de danse directement importes de mon Grenoble natal font grosse impression. Entre danse traditionnelle et petits dehanchements marrants, nous rigolons comme des baleines...

Mais l'heure tourne et nous devons reprendre la bateau pour regagner nos hotels respectifs. Cést donc de force, en luttant contre les gens qui nous retiennent pour une derniere danse, que nous quittons le groupe, et reprenons l'embarcation sous les etoiles, pour aller cuver la biere accumulee dans nos veines... Une excellente soire, une nourriture sans comparaison, une ambiance de folie, et une decouverte inesperee...
 
Oui, abstraction faite des enfants qui envahissent les abords des temples pour vous vendre tout ce quíl est possible, abstraction faite de leur insistance a toute epreuve, abstraction faite de leur inepuisable reserve d'arguments dans un anglais etonnament parfait pour leur age, abstraction faite de cela, le site archeologique d'Angkor est tout simplement incroyable... Je visiterai en deux episodes, c'est mieux, et la chaleur a certaines moments de la journee ne permet plus de profiter des visites sans en souffrir rellement...  Par ailleurs j'ai le luxe du temps, donc ne nous pressons pas... Certains passent toute une semaine a visiter les edifices et leurs alentours, et je pense que l'on peut facilement trouver des choses a faire et a decouvrir pour la remplir largement. Le site d'Angkor est effectivement tres etendu et certains temples peuvent se trouver jusqu'a une cinquantaine de kilometres aux alentours. Je ne suis pour ma part pas trop tente par un si long sejour, surtout pour la visite de sites de ce genre... Enfin, je le pensais, parce que je ne savais pas ce qui m'attendais...

Permier jour, hier. Lever 4h30 pour avoir la chance d'admirer se lever le soleil entre les majestueuses tours du temple le plus connu d'Asie. 25 minutes de velo sans lumiere a traves la ville puis la route qui mene aux temples. Il fait frais, et la foret tout autour de moi assombrit encore le tableau. J'arrive enfin a l'entree principale, devant Angkor Vat, orientee ouest. Il est 5h15, et quelques touristes arrivent deja en meme temps que moi. Nous sommes parmi les premiers. Le jeu consiste en fait a trouver la meilleure place pour avoir LA photo qui marquera les vacances. J'observe paisiblement le petit amas de gens qui commence a se creer, aglutines tous au meme endroit, jouant strategiquement pour leur prise de position le long des murs exterieurs ouest. Le soleil se leve juste derriere Angkor et offre alors une vue merveilleuse sur l'edifice... Je decide malgre tout d'entrer et de m'enfoncer a l'interieur, me disant que je veux eviter la foule absoluement et profiter du matin avant la cohue... Par la meme occasion, je pourrai admirer la face est en plein levant, probablement eclairee par les rayons rouges du soleil. Je m'eloigne donc de la petite foule pour finalement me trouver au milieu du dedale de couloirs, de cours et de bassins qui occuent l'interieur meme du temple. Bonne operation, j'ai Angokr Vat pour moi tout seul... Sourire aux levres, j'admire les pierres massives, les escaliers abrupts, les inombrables bas-releifs, les sculptures par centaines, les fenetres ouvertes sur d'autres fenetres, les blocs de gres en equilibre... tout est demesurement grand ou existe en nombre demesurement important... Pas un centimetre carre de mur n'est pas grave d'Apsaras, d'elephant, de Naga, de fleurs... Sous certains angles on est deroute par les details que l'on ne peut decouvrir sans s'en emerveiller. Chaque bloc de pierre s'imbrique parfaitement dans son voisin... Apres plus d'une heure et demi d'ettonement et d'emerveillement, je quitte Angkor Vat alors que les premiers groupes s'y engouffrent deja... J'ai evite ce que je ne voulais pas trouver, le monde... Deux site sont particulierement visite tot le matin, et j'en ai deja vu un en utilisant la bonne strategie... Je me dirige maintenant vers un petit temple qui semble rester plutot tranquille toute la journee. Le Banteay Kdei m'accueille alors apres une nouvelle demie-heure de velo et un bon plat de riz... Il semble que l'horaire soit propice car les hordes de touristes rentrent normalement a leur hotel pour le petit dejeune, apres avoir combattu pour leur photo de reve. Il est 8h, je decouvre Banteay Kdei seul, une nouvel fois... Charme par la finesse des sculptures de celui-ci, je me perd doucement dans ses couloirs ombrages. Tres different d'Angkor Vat, il est bien plus petit, plus finement travaille, et ne possedent pas plus d'une etage. Apres avoir mene a bien les premiers objectifs de ma journee, je decide donc de rentrer a l'hotel pour prendre une douche bien meritee; je suis trempe de sueur. Constat positif: jái evite la grosse chaleur et les troupeaux de gens, il est 9h30, je peux donc me reposer pour le reste de la journee et flanner dans Siem Reap.

Deuxieme jour, aujourd'hui. Lever 4h30, objectif, prier pour que Ta Phrom soit vide vers 6h, heure a laquelle je devrait y arriver... Apres une heure de velo(Ta Phrom est plus eloigne que Angkor Vat), dans les memes conditions que la veille, je penetre sur le site par l'immense porche du temple... Personne en vue, mais ne crions pas victoire avant d'y etre pour de bon. Les 200 m qui separent l'enceinte et le templs paraissent une eternite, il fait deja tres chaud a 6h, et je supplie je ne sais qui de me laisser une chance d'eviter une nouvelle fois la cohue... J'arrive au temple, pas un bruit, pas une voix, je suis SEUL... Parfait, je pense avoir deux bonnes heures pour profiter, ma strategie etant de laisser tous les touristes s'enerver avec le lever de soleil sur Angkor, pendant que les autres temples sont delaisses... Et ca marche... Ta Phrom est le plus exotique et le plus seduisant des temples du site Angkorien. C'est celui dans lequel les arbres gigantesque et leurs racines sinueuses ont envahi les blocs de pierre, et je voulais l'avoir pour moi. Le spectacle est d'emblee saisissant, mes yeux ne suivent pas car il y a trop a voir... Chaque recoin est foisonnement de creativite de la main de l'homme ou de la volonte de la nature... Arbres et sculptures se retrouvent dans une danse millenaire. J'en viens meme a me demander si cette harmonie parfaite n'est pas voulue, si les hommes de l'epoque ne l'ont pas refechie, pensee, cree eux meme... Mais la nature fait bien les choses comme on dit... Sauf qu'ici la nqture n'est pas seule. Sincerement, en decouvrant Ta Phrom, une emotion profonde vous envahit, et vous laisse sans mots pour la decrire... Vous etes temoins d'une chose unique, et ce matin, je l'avais sans partage avec quiconque... Apres une heure et demi de contemplation, je quitte a regret ce lieu magique, croisant les premieres personnes qui arrivent. Comble par ce moment privilegie, je remonte sur mon velo direction le Bayon. Mais apres avoir vu Ta Phrom, les autres temples sont surement tres interessants, mais j'ai la conviction intime qu'ils ne peuvent pas procurer le meme effet... Sur le chemin, je fais halte pour gravir les escaliers abruptes d'un temple pyramide, puis me voila devant le Bayon, temple au 216 visages d'Avalokiteshvara. J'y suis pres, celui-ci je le partagerai... rires... Visite rapide, il fait tres tres chaud a deja 9h30 du matin, et le monde se bouscule un peu au portillon...

Je quitte donc Angkor avec la satisfaction d'avoir vecu un moment de profonde decouverte. J'ai ete extremement chanceux d'avoir par deux fois pu eviter totalement la foule, et je me dois d'ajouter quelques petites precisions a la lecture de ce qui precede. Il faut savoir que certains edifice Angkoriens sont sur le point de s'effondrer, notament certaines partie du Ta Phrom. Par ailleur, Angkor Vat fait l'objet de renovation massive sur l'aile ouest et la tour centrale. J'ai donc choisi de ne pas photographier de vue d'ensemble des edifices d'une part parce qu'elle ne rendrent pas toujours bien avec mon appareil et d'autre part parce que je voulais garder la magie entiere. Ne vous meprenez pas, tout reste encroyablement superbe et ettonnant. Je voulais simplement ne pas avoir de "taches" sur mes photos. Une grue occupe la partie centrale de Ta Phrom, des echaffaudages couvrent une partie de la tour centrale d'Angkor Vat, et des etaies soutiennent nombre de structures dans presque tous les temples. En outre, une programme de renovation a deja commence a Ta Phrom, et je le juge comme etant "defigurant". Des blocs de granites grisatres viennent combler les trous entre les superbes gres rouges et marron, c'est vraiment tres dommage... Pitie, ne continuez pas ce massacre, Cambodge et Inde reunis... La magie du spectacle fait que vous ne verrez rien de tout ca sur mes photos; sauf sur le "director's cut" que je ramenerai dans mes bagages dans quelques temps...

Mission Angkor accomplie, demain direction Kratie, qui me rapproche du Laos...
 
Apres quelques jours de repos a Phnom Pehn pendant lesquels ma productivite a frolle de zero absolu, me voila maintenant a Siem Reap. Peu connue hors du Cambodge, cette ville heberge pourtant les ruines des temples de Angkor, qui lui ont vole la vedette en terme de "denomitation"... Il faut 6 heures en bus pour rallier Phonm Pehn a Siem Reap, centre absolu des pelerinages religieux, touristiques, culturels, et fierte nationale du peuple Khmer. Avant de parler des temples d'Angkor, voila deux ou trois petites choses afin de garder le suspens a son comble...

Au depart de Phnom Pehn, hier matin a 6h, la ville etait deja tres animee, et les abords de la petite gare routiere de Sorya etaient encombres de tous les vehicules possibles, du velo ou bus climatise, en passant par la mobylette bruyante ou le tuktuk agile. Des cette heure la, tout le monde est sur le pied de guerre, et vous accoste sans pitie pour vous vendre quelque chose ou vous vanter ses services. Les propositions raisonnent tous les 10 metres sans repit, et les "motorbike sir!" fusent dans tous les sens. Difficle sans echauffement, a 6h, de suivre le rythme.
Malgre tout, rempli d'un espoir fou, je grimpe dans le bus et j'attend le departassis juste derriere le chauffeur. Espoir pourquoi? Pour qu'avec un peu de chance, le traditionnel karaoke nous soit epargne vu l'heure matinale. 6h30, le bus se met en branle, tresaute, puis s'engouffre dans les rues etroites virant habilement entre les triporteurs et les voitures. La sortie de Phonm Pehn s'approche, direction Angkor...
La TV s'allume alors, et c'est avec horreur et effroi que je vois les premiers clips defiler sous mes yeux, a fond le ballon bien-sur... Le son de mon Ipod nést plus qu'un faible gemissement, noye par la pop sirupeuse dont les asiatiques ont le secret. Mais je fais egalement une autre decouverte toute aussi horrible; notre chauffeur est un "klaxon addict" et balance en veux-tu en voila de grands coups. Toutes les 15 secondes, le son du klaxon surpuissant de notre bus retentit donc pour prevenir un velo de notre approche, ou pour avertir d'un depassement vraiment en catastrophe... C'est ainsi pendant 6 heures completes que le concert durera, melant le son aigu de la flute traditionnelle, les aboyements de la guitare electrique, et les explosions de joie du klaxon de competition.

Le constat est ainsi fait; paradoxal melange d'une timidite et d'un respect absolu, avec une permanente tendance a l'agression de l'espace vital. On interpelle, on parle fort, on retient par le bras, on se met en traves du passage, on insiste tres lourdement pour vendre. La notion d'espace vital est d'ailleurs probablement inexistante. Il faudrait se renseigner, c'est assez troublant...  je vais mener l'enquete...
Effectivement tout est serre, que ce soit les rues ou les trottoirs, autant que les allees des marches. On a tres peu de place, et tant a pied qu'en voiture la priorite revient toujours au plus temeraire, au plus agile, ou a celui qui s'imposera le premier. On ressent parfois cet esprit d'individualite jusque dans les relation entre les personnes ou dans l'education des enfants. Pour presque tout, la regle premier arrive premier servi vaut. Cela tranche tellement et paradoxalement avec l'accueil chaleureux, le respect immense, et la gentillesse sans limite des Khmers, c'est assez marrant a constater. Il en va donc ainsi de la capitale du Cambodge, dont le rythme reste pourtant tranquille et sans comparaison possible avec Bangkok par exemple.
J'arrive a Siem Reap, et je suis content de trouver une ville ou meme les voitures semblent rouler silencieusement. Contraste... premier contact positif, attirant, plaisant, J'aime bien. J'aime bien parce que, comme tout le monde, je revendique le droit a la tranquilite.
 
Voila la derniere petite mise a jour pour ce qui traite de Chi Pat. Oui, je sais, je sus a Phnom Pehn depus 3 jours et je n'ai rien ecrit sur cet endrot. Il me restait quelques petites choses dans mon carnet de note mais j'ai maintenant repris mon retard. Donc, dernier article sur le village, avant de nouvelles aventures...

Nous sommes le 15, lever a 6h, douche, rendez-vous a 7h au centre du village pour le petit dejeuner. Ce matin, moi et de nouveaux comperes rencontres sur place partons pour une randonnee a VTT, qu nous condura a travers la jungle et les campagnes vers un site archeologique recemment decouvert. Nous parcourerons environ 40km aller-retour pour voir d'anciennes jares et une sepulture mysterieuse...
7h30, les VTT sont prets, nous prenons la route (ou plutot la piste). Des le depart mes fesses n'apprecient pas trop la selle de mon VTT... Apres quelques kilometres je commence a souffrir vraiment... En descente tout va bien, je me met debout sur les pedales. Des lors qu'il faut rester assis, je subit les chaos du terrain avec les plus grandes difficultes... Encore un peu plus, et mon scrotum est au bord du sucide; ca me fait trop mal... Je resiste avec courage, tente meme de nouer un T-shirt autour de ma selle, mais ca devient insupportable a mi chemin environ... Mon cul est litteralement a l'agonie, je me rends... Nous sommes au milieu de nulle part, l'un de nos deux guides doit rester avec moi.

C'est une situation tout a fait conne et ridicule, mais je ne peux meme plus m'assoir par terre. C'est la premiere fois que mon cul me fait aussi mal a velo. Il est 10h du mat', et nous devons donc attendre le retour des autres membre du groupe jusque 14h... Saaun, le jeune guide, me propose de s'installer un peu a l'ombre, histoire de me remettre de mes emotions, puis d'aller voir une chutte d'eau non loin de la apres. Ce jeune Khmer de 18 ans a un niveau d'anglais assez etonnant alors qu'il ne l'etudie que depuis 3 ans. Pour gagner un peu de fric, il travaille au centre ecotouristique de Chi Pat pendant les vacances, mais sut une scolarite classique le reste du temps.
Il est ne au village, vit la depus 18 ans, va a l'ecole ici egalement, et y travaille. Il ne s'est jamais eloigne de plus d'une trentaine de kilometres. Il m'explique qu'il n'a jamais vu la plage, mais qu'il adorerait pouvoir un jour aller se baigner dans l'ocean. Il n'a pas eu ni le temps ni l'argent pour s'y rendre, alors qu'un bus pourrait l'y  conduire en 2 heures de temps pour environ 2 dollars... Alors que nous mangeons tranquillement notre repas a l'ombre d'un immense arbre, il me raconte pas mal de petits trucs de sa vie, et nous rigolons finalement pendant plusieurs heures. L'humour Khmer est deroutant, et je le comprend alors qu'il me raconte quelques blagues locales...

Apres avoir decouvert les chuttes, et plonge dans une eau trouble a environ 25 degres, nous retrouvons finalement les autres qu reviennent d'une ballade epuisante. Oblige de rentrer en marchant, Saaun reste avec moi et nous sommes rejoins par Lindsey. En perspective, 2 heures de marche pour retrouver le village, sous un soleil de plomb et sans ombre. Le trajet est pourtant tres amusant et nous rigolons beaucoup.

Au lever le lendemain matin, Saaun a laisse pour Lindsey et moi une petite note au centre ecotouristique. La note dit qu'il nous a beaucoup apprecies, qu'il nous souhaite le meilleur, quíl ne nous oublira pas, et qu'il espere nous revoir tres bientot...
 
ChiPat, loin de tout, accessible seulement par la riviere ou par une piste impraticable pendant la saison de pluies. Quelques maisons s etirent le long de la piste en terre rouge sur environ 1km. Parcourez 100m et vous etes instantanement trempe de sueur...
Tous les jours, dans l apres midi, le bateau de ravitaillement accoste a l unique ponton sur la rive du fleuve, livrant des legumes, des biscuits et des cup noodles, mais surtout des boissons en quantite massive, parmi lesquelles la biere arrive en premiere position, de loin.

Chi Pat est situe dans le massif des Cardamones Meridionnales, un parc naturel regroupant un grand nombre d ecosystemes preserves a present de la deforestation et de l exploitation des terres d habitat d un grand nombre d especes en danger. C est un exemple de developpement ecotouristique au Cambodge. Depuis 2007 en effet, une ONG a elu domicile au village, et a inscite les habitants a s orienter vers l accueil des touristes tout en resopaectant leur foret et en arretant de couper les arbres pour l exploitation du riz. En 3 ans, l orientation economique du village a entierement change et une gestion intelligente des ressources et de l espace naturel a vu le jour, dont un comite de villageois eux-meme est responsable. Les installations dans le village restent sommaires, les hebergements sont tres simples et l electricite n est dsiponible qu entre 18h et 22h en tres basse tension. A la difference de beaucoup de villages du Cambodge, il n y a pas de detritus qui jonchent le bord des routes ou le jardins des maisons,
Pour le moment, tres peu de touristes font alte a Chi Pat, et enfants comme adolescents sont tres amuses de pouvoir saluer a tout bout de champs les passants occidentaux. Ils ne se lassent pas de lancer des HELLO joyeux, et j ai eu droit a envirpn 200 HELLO chaque jour... Certains se hasardent meme a vous balancer un WHAT S YOUR NAME pour tenter d engager timidement la conversation. En tout cas, tout le monde montre un enorme interet envers vous. J ai totallement battu mon record d invitation avec 3 en 3 jours, les villageois m interpellant pour m offrir des raffraichissements... C est tres amusant ou tres frustrant. Ne parlant pas le Khmer, les discussions se resumaient souvent a une serie de mimes rigolos ou burlesques. Un de mes hotes etait meme si content de me recevoir qu il a courur acheter une bouteille de vin pour feter ca. Je ne sais pas d ou venait ce vin, mais je peux garantir qu il m a fait encore plus transpirer affichant 28 degres sur l etiquette.
Pendant le sejour, le Nouvel An Khmer a egalement eu lieu, donnat au village des allures de grande fete sans discontinuer. Le gringrin des radio passait sans arret usant bon monbre de piles, et le soir la musique amplifiee a l aide de mega hauts parleurs se faisait entendre dans tout les alentours. Les enfants et les adultes se retrouvent alors au frais pour jouer a de nombreux jeux traditionnels tels que le tire a la corde ou les cartes. Chaque mqison est nettoyee de fond en combles pour chasser les mauvais esprits, et des autels croulant sous les boissons et la nourriture apparaissent a l entree de chaque propriete. Les 13, 14 et 15 sont les jours de fetes cette annee. Le 15, tous les Khmers se retrouvent au Wat (temple) pour jouer de nouveau et attirer la bonne humeur et la chance pour la nouvelle annee.
 
8h15, le bus quitte enfin Sihanoukville. L'impatience de quitter la ville se faisait grandissante. Ce bus dans lequel un karaoke mievre defile a fond comme le veut la tradition, me conduit vers Andoung Tuek. Il m'a fallut environ 5 jours pour prononcer a peu pres correctement le nom de ce petit village, etape obligee pour m'enfoncer en peu plus vers une region reculee de cette province.
Apres avoir rappele au chauffeur qu'il doit m'arreter a ce villlage, je dois cependant le faire arreter en catastrophe alors qu'il est en train de le depasser allegrement, sans m'y faire descendre... Je reviens donc un peu en arriere en marchant, et me vola a Andoung Tuek. Pas grand monde, quelques poules qui courrent a droite a gauche, des baraques, puis un immense pont en ciment enjambant la riviere Preah Piphot qui plante le decor. Apres avoir mange, je decouvre l'embarcadaire ou je dois grimper dans le bateau pour Chi Pat, ma destination finale. L'embarcadaire est cache sous le pont. Je descend, il est 11h, le bateau devrait partir vers 13h.
Sous ce pont, je trouve un bateau vide, amarre a une sorte de terrain vague mi terre mi beton. Les pylones du ponts sont plantes dans ce terrain, et un microcosme etonnant s'y developpe cache aux yeux du monde... Perdue le long de la riviere, une petite famille semble avoir elu domicile ici, entre léau et le beton. Improvisant un espace pour dormir, sorte d'estrade en bois, amenageant une petite baraque servant de toilettes au dessus de la riviere, cuisinant sur une petit feu de camps entre les detritus, cette famille survit ici, a l'ombre du pont. Deux tables et quelques chaises sont mise a disposition de tous, et la famille gagne quelques riels en vendant du the et du cafe aux gens qui attendent le bateau pour Chi Pat... Sans reellement parvenir a identifier combien ils sont exactement, j'observe tranquillement, assis a une de leur table.
Apres quelques minutes d'attente, un petit camion arrive par la piste qui descend sur le cote du pont. Il s'agit du ravitaillement pour le village ou je vais, et celui-ci sera charge sur le bateau cargo qui m'y conduira. Je decouvre alors qu cette mini petite vie s'anime tout a coup... Le mari, tres peu occupe depuis mon arrivee se transforme alors en manutentionnaire improvise et decharge le camion pour classer les differents paquets qui s'y trouvent. Ils les stocke ensuite dans le cargo... Au meme moment, un petit nombre de personnes font leur apparition en descendant la piste, et font tranquillement leur marche en chosissant quelques produits parmi les tas accumules a meme le sol. L'argent et les marchandises sont echange, et un veritable petit marche est organise sous mes yeux. Tout a l'air parfaitement regle, et en quelques minutes chacun repart avec ce qu'il lui faut. On achete des bananes, on choisit ses salades, on boit du the ou du cafe, le pere de la famille recot sa paye pour avoir charge le bateau, le camion repart et tout redevient tranquille.
Il est maintenant 13h, j'attends toujours. Un groupe de touristes me rejont; ils sont 4. Ils s'installent avec moi et nous faisons connaissances. Ils sont tous expats et habitent Phnom Pehn.
Les allees et venues se succedent pour remplir le bateau de diveres marchandises, jusqu'a ce qu'il soit tres enfonce dans l'eau... Puis, finalement, vers environ 16h30, le cargo nous prend a bord, charge jusqu'au dents. Les maisons se font de plus en plus rares sur les rives et nous nous enfoncons dans les mangroves et la foret.
Il nous faudrait pas lon de 3 heures pour arriver a Chi Pat, et une partie du trajet sur l'eau sera fait de nuit, sans eclairage. C'est calme, et completement hors du temps. Seules les etoles et quelques baraques sur la rive nous eclairent. Les lumieres du villages se profilent enfin sur la rive gauche, nous voila a Chi Pat, et nous decouvons son ambiance melee de nature et de nouvel an Khmer qui approche...
 
Apres quelques jours en rase campagne, sans electricite, retour en ville. Phnom Pehn, captale du Cambodge.

Demain, pas mal dáventures a lire...
 
Au taquet ce matin pour le bus vers Chi Pat... Un peu creve je dois dire, car leve plus tot que prevu. Je grimpe sur une moto qui me conduit a la gare routiere (enfin au terrain vague qui sert de...), et j'ingurgite tranquille une assiette de riz et porc pour l'energie du matin. Puis je me rend au bus, j'embarque, et roulez jeunesse.
Le paysage defile, de plus en plus attirant et sauvage, et mon Ipod tourne plein pot. Tout bon. Puis je check machinalement ma poche droite qui contient, comme toujours ma pochette avec mes cartes de credit et mon passeport. Lapochette est bien mince... Mon passeport est reste a l'hotel, a Sihanoukville, en garantie de la moto que j'avais louee... Effectivement, ils on bien oublie de me le rendre, et dans ma brume matinale j'ai oublie de le demander. Je fais arreter le bus au milieu de nulle part, et je reviens sur mes pas en marchant le long de la route.
Plus loin, une petit village se presente, et j'entre dans ce qui semble etre la plus grande maison, ou j'ai le plus de chance de trouver de l'aide. Premiere chose: telephoner a l'hotel. C'est chose faite, je les mets au courant. Ils sont vraiment desoles... Ensuite, je dois trouver un moyen de retourner a Sihanoukville, environ 200 km plus loin. Un premier gars me propose 20 dollars dans une bagnole. J'ai pas assez de fric pour me permettre ce luxe... En continuant a marcher, un petit camion approche. Je lui fais signe, et il s'arrete. Son prix: 5 dollars. Je saute dedans. Apres deux bonnes heures coince entre des sacs de mais, je parviens enfin a mon point de depart, un peu suant.

J'ai maintenant mon passeport en poche, pret a repartir... demain matin...

Je dois donc passer une nuit de plus dans cette petite ville qui commence un peu a me courir sur le haricot. Pas trop de choses a faire dans la ville meme (a part bien sur lezarder sur des plages a la proprete assez douteuse je dois dire...), ou encore se payer des verres dans les baqrs plus dingues les uns que les autres. Hier soir par exemple, je buvais une biere dans une espece de hangar, sous les ailes d'un vrai avion russe suspendu au toit, un Antonov-24... Dans ma tete se repete sans cesse les mots "motorbike sir?", que je dois entendre environ toutes les 14 secondes... Ils sont tres afferes a vendre, ces gens la... Il n'est pas rare de voir les conducteurs de moto dop se ruer a la descente d'un bus et courir pour arracher les sacs des voyageurs qui se laisseront faire. Qu'ils soient des voyageurs etrangers ou cambodgiens, d'ailleurs. A chaque arret, ne vous etonnez pas si vous entendez un troupeau acourrir au grand galop vers le bus et boucher literallement la sortie de celui-ci. Je pense que la course au client est un sport national dans le coin.
Parlant de sport, au Cambodge on joue au volley. Chaque quartier possede son terrain, tenu par le proprietaire, qui assiste a tous les matchs, et qui y participe meme parfois. Mais ici, on joue de l'argent. Ce n'est pas une grosse somme. mais on joue pour du fric. A trois contre trois, chaque equipe engage l'equivalent de 2,5 dollars, qu'empochent les vainqueurs. Les perdants peuvent alors decider du quitte ou double. Les gagnants doivent en revanche payer apres chaque match une sorte de "location du terrain" qui vient directement dans la poche du proprietaire. Il y a un reglement tres precis, et une vraie petite mafia s'organise autour de ces matchs. Certains gars qui jouent pas mal parviennent meme a gagner leur vie en arpentant les terrains du pays. Il se font une dizaine de dollars, puis changent de lieu.
En fait, que ce soit au volley, au carte, ou a autre chose, vous verrez toujours un petit paquet de billet dans un coin, qui represente la mise en jeu. On joue pour de l'argent, en meme temps qu'on passe le temps et qu'on s'amuse. Les mecs du terrain de volley m'ont assure qu'il n'y a jamais eu d'histoires. Bon esprit, donc... J'ai pas reussi a m'incruster dans une partie de volley, ca par contre j'aurais bien aime. Mais je trouverai !!!

Pour le moment, passons cette derniere soiree ici, et attendons le reste et un peu plus de nature, pour demain...
 
Voila, rapidement... leve a 6h ce matin, et a 8h je prend le bus pour un coin assez perdu. Ensuite, direction Chi Pat, village accessible uniquement par bateau. Plan: mega trekking dans la jungle et village autonome.
Pas d'internet la-bas, donc des photos et tout plein de trucs d'ici 3/4 jours.