Au taquet ce matin pour le bus vers Chi Pat... Un peu creve je dois dire, car leve plus tot que prevu. Je grimpe sur une moto qui me conduit a la gare routiere (enfin au terrain vague qui sert de...), et j'ingurgite tranquille une assiette de riz et porc pour l'energie du matin. Puis je me rend au bus, j'embarque, et roulez jeunesse.
Le paysage defile, de plus en plus attirant et sauvage, et mon Ipod tourne plein pot. Tout bon. Puis je check machinalement ma poche droite qui contient, comme toujours ma pochette avec mes cartes de credit et mon passeport. Lapochette est bien mince... Mon passeport est reste a l'hotel, a Sihanoukville, en garantie de la moto que j'avais louee... Effectivement, ils on bien oublie de me le rendre, et dans ma brume matinale j'ai oublie de le demander. Je fais arreter le bus au milieu de nulle part, et je reviens sur mes pas en marchant le long de la route.
Plus loin, une petit village se presente, et j'entre dans ce qui semble etre la plus grande maison, ou j'ai le plus de chance de trouver de l'aide. Premiere chose: telephoner a l'hotel. C'est chose faite, je les mets au courant. Ils sont vraiment desoles... Ensuite, je dois trouver un moyen de retourner a Sihanoukville, environ 200 km plus loin. Un premier gars me propose 20 dollars dans une bagnole. J'ai pas assez de fric pour me permettre ce luxe... En continuant a marcher, un petit camion approche. Je lui fais signe, et il s'arrete. Son prix: 5 dollars. Je saute dedans. Apres deux bonnes heures coince entre des sacs de mais, je parviens enfin a mon point de depart, un peu suant.

J'ai maintenant mon passeport en poche, pret a repartir... demain matin...

Je dois donc passer une nuit de plus dans cette petite ville qui commence un peu a me courir sur le haricot. Pas trop de choses a faire dans la ville meme (a part bien sur lezarder sur des plages a la proprete assez douteuse je dois dire...), ou encore se payer des verres dans les baqrs plus dingues les uns que les autres. Hier soir par exemple, je buvais une biere dans une espece de hangar, sous les ailes d'un vrai avion russe suspendu au toit, un Antonov-24... Dans ma tete se repete sans cesse les mots "motorbike sir?", que je dois entendre environ toutes les 14 secondes... Ils sont tres afferes a vendre, ces gens la... Il n'est pas rare de voir les conducteurs de moto dop se ruer a la descente d'un bus et courir pour arracher les sacs des voyageurs qui se laisseront faire. Qu'ils soient des voyageurs etrangers ou cambodgiens, d'ailleurs. A chaque arret, ne vous etonnez pas si vous entendez un troupeau acourrir au grand galop vers le bus et boucher literallement la sortie de celui-ci. Je pense que la course au client est un sport national dans le coin.
Parlant de sport, au Cambodge on joue au volley. Chaque quartier possede son terrain, tenu par le proprietaire, qui assiste a tous les matchs, et qui y participe meme parfois. Mais ici, on joue de l'argent. Ce n'est pas une grosse somme. mais on joue pour du fric. A trois contre trois, chaque equipe engage l'equivalent de 2,5 dollars, qu'empochent les vainqueurs. Les perdants peuvent alors decider du quitte ou double. Les gagnants doivent en revanche payer apres chaque match une sorte de "location du terrain" qui vient directement dans la poche du proprietaire. Il y a un reglement tres precis, et une vraie petite mafia s'organise autour de ces matchs. Certains gars qui jouent pas mal parviennent meme a gagner leur vie en arpentant les terrains du pays. Il se font une dizaine de dollars, puis changent de lieu.
En fait, que ce soit au volley, au carte, ou a autre chose, vous verrez toujours un petit paquet de billet dans un coin, qui represente la mise en jeu. On joue pour de l'argent, en meme temps qu'on passe le temps et qu'on s'amuse. Les mecs du terrain de volley m'ont assure qu'il n'y a jamais eu d'histoires. Bon esprit, donc... J'ai pas reussi a m'incruster dans une partie de volley, ca par contre j'aurais bien aime. Mais je trouverai !!!

Pour le moment, passons cette derniere soiree ici, et attendons le reste et un peu plus de nature, pour demain...
 
Hier soir, en quete d'un endroit pas cher a Sihanoukville pour manger, j'echoue au bord du rond point du Lion Dore. Une petite fete foraine improvisee de bambous et de scotch se tient ici, ou l'on peut gagner divers cadeaux qui feraient pas mal sourire dans le contexte de la foire du Midi. Eclatez trois ballons aux flechettes et vous repartirez avec une superbe bassine en plastique rose pour faire votre vaisselle.
Je m'installe, vue sur un manege ou des chevaux en bois tournent lenteent, suspendus a des sortes de gros ressorts. Le rabatteur du resto m'a assure qu'il y a de la soupe de riz au porc, que j'essaye de gouter depuis 4 jours, sans succes. Il balbutie un peu l'anglais et engage immediatement et fierement la discussion, apres avoir pris ma commande:
"- can I seat down here?
- yes, no problem!
- do you have rice soup?
- yes, no problem!
- ok, rice soup and a bier
- yes, no problem"
........
Il s'appelle Chum Map. Il a 34 ans, et est ravi d'apprendre que nous qvons le meme age. Il me sert chaleuresement la main pour feter ca, et la tient un peu alors qu'il me parle... Ce mec est capable de m'ennoncer par coeur chacune des 20 provinces du Cambodge, leur capitale, et connait  un peu l'histoire de Angkor Wat. Mais il veut a tout prix pratiquer l'anglais.
J'avoue ne pas comprendre tout ce qu'il raconte, mais je pense qu'il ma parle d'un ami a lui qui est francais, de ses vacances, du Vietnam, des etudes... Pendant qu'il parle, je siffle doucement ma biere, et le regarde s'ennerver sur une feuille de papier pour ecrire des mots en vrac: THANK YOU, BIG, OLIVIER, PNOHM PEHN, 34... Tout y passe...
Voila environ 40 minutes que Map me parle, et je commence maintenant a avoir serieusement faim. Je lui demande gentillement ou en est ma soupe, et il me repond... "yes, no problem"... puis me tend un menu. Je comprend alors avec effroi que dans son empressement a parler e\anglais, il n'a meme pas entendu que je voulais manger une soupe de riz. Qu'il n'ont d'ailleurs pas a la carte. Je me rabbat sur un riz saute au porc, que j'ingurgite en 2 minutes chrono, en continuant d'ecouter poliment mon brave interlocuteur. Au moment de me lever pour partir, j'ai droit a la plus longue poignee de main de toute ma vie, et il me gratifie ensuite d'un dernier "I love you" alors que je m'eloigne...

Evidemment, derriere cette petite histoire un peu sarcastique, on doit comprendre une soif incroyable et une curiosite absolue de s'ouvrir a l'exterieur. elle est perceptible chez beaucoup de Khmers. Sincerement, j'aurais pu me casser tellement ca devenait embarrassant, (Fred Nanson aurait adore etre a ma place) sous les regards des gens attables autours... mais je suis reste pour l'ecouter.

Chum Map, mon nouvel ami.
 
Star Trek, Premier Contact... Dans ce film, les humains de Star Fleet rencontrent pourla premiere fois la race Klingon. Voila l'impressoin que me laisse parfois le fait de croiser un regard ici. C'est vrai que c'est tres loin d'etre le bout du monde, ou la jungle amazonienne avec ses tribus reculees mais ca a un gout comme ca.
Apres m'etre un peu renseigne a ce sujet, plusieurs personne m'ont procure une explication partielle... Les cambodgiens font preuve d'autant de curiosite envres les visiteurs, que moi je peux en avoir envers eux... Deplus, il semble que mq coue de cheveux, le bouc et les tatouages amplifient cet effet... C'est parfois deroutant, et on peut se sentir envahi par une espece de timidite soudaine. En gros, dans certains endroit, on peut se sentir un peu comme le "red spot" sur la carte.

Je suis depuis ce matin a Sihanoukville, cite marchande sur la cote sud du Cambodge. Les quelques jours que j'ai passes a Koh Konhg m'on permet de sentir un peu l'incroyable chaleur dont font preuve les Khmers. En visitant une mangrove proche de la petite ville, il y a deux jours, je me suis retrouve a errer sur les pontons en bois amenages pour marcher entre les arbres immerges. Des espaces de picnic ont ete construits, et en passant a proximite de l'un d'entre eux, j'entend une voix qui dit "hello!" Il faut comprendre que ce Hello s'adresse toujours au seul falang qui  passe dans le coin. Je me retourne donc, et voit un petit groupe assis par terre a meme le bois, occupe a manger et a boire. Ils me font signe de venir. Je m'approche... Ils sont 7 ou 8, garcons et filles. Ils sont assis en cercle autour d'une paillasse sur laquelle se trouve un monticule de plays et de boissons. Il me font signe de m'assoir, puis l'un d'entre eux me tend une biere dans un grand verre plein de glace. Je ne refuse pas, je pete de soif... Quelques secondes plus tard, une assiette enorme apparait sous mon nez, assortie d'une paire de baguettes... Resultats des courses, j'ai mange du crabe merveilleusement excellent, du riz gluant de competition, des legumes tendres, des coquillages frais, j'ai bu pas loin de deux litres de biere, et j'ai balbutie quelques mots avec mes hotes chinois, cambodgien et vietnamiens... Ont a rigole comme des baleines, on a meme fait boire des gamins qui passaient par la, et je suis rentre en zigzagant sur ma moto sous un soleil qui n'a rien aide...
Hier soir, derniere soiree dans la petite ville, je me suis rendu dans un petit bar ou j'ai fait la connaissance du patron et de sa petite famille (un allemand, sa femme Khmer et ses deux jeunes soeurs). Les filles etaient degoutees que je leur plume quelques dollars aux cartes (ouais je sais, pa sbien les jeux d'argent).
Sur la route de retour je fais halte dans un tout petit restaurant de rue et je commande une soupe au boeuf. Une des lampes qui pendouille dans la cuisine grille et laisse les cuisinieres dans le noir. Anime d'un bon sentiment, je tente des les aider en changeant l'ampoule defectueuse, mais j'en grille une deuxieme. J'ai donc mange ma soupe dans le noir, avec la famille du resto a la meme table que moi, se foutant de ma gueule, mais m'offrant quand meme de partager leur repas...
Bref: que vous soyez le touriste errant mysterieux ou le Gaston Lagaffe de service, on vous reserve un accueil plutot tres bon.

Maintenant, Sihanoukville..................