Kunming, Yunnan, le 22 mai 2010... Premier vrai contact avec une ville chinoise digne de ce nom. Ca commence a etre serieux. Mengla a la frontiere du Laos n'etait qu'un tout petit echauffement... Je viens d'arriver et je suis plonge en pleine Chine, avec pour seule transition les heures de bus qui s'accumulent a mon actif. Programme que je me suis fixe; rallier Nong Khai a Chengdu, 2500km sans etape. Un peu couillu peut-etre dans cette region du globe, mais faisable et surtout une experience a vivre. En quittant Nong Khai, je prevoyais 3 jours complets de transport sans pause, et je n'etais pas loin du compte. En effet, me deplacer dans 3 pays differents en si peu de temps signifie au minimum 2 passages de frontieres (dont celui de la Chnie, interessant), et un bon nombre de correspondances a improviser ou a organiser...
A l'heure pret, voila donc ce qui s'est passe jusque la...

Je quitte Nong Khai le 20 mai a 5h45 du matin, direction la frontiere du Laos. Un saut en tuktuk qui me coute 30 bhats.  6h30, une longue file s'etire deja aux postes-controle, j'attend. Une fois la frontiere passee, je m'acquitte des 31 USD du visa laossien, et je saute sans un autre tuktuk direction la gare routiere nord de Vientiane, 30000 kip.
Il est presque 8h30, j'achete un billet pour embarquer a bord du bus-couchette qui me conduira a Mengla, enciron 50km a pres la frontiere chinoise de Mohan, au Yunnan, 34 USD. A 11h00 precise, le bus se met en branle, bonde de chinois bruyants, et de moi... Il prend la direction du nord, pour parcourir les 750km qui separent donc les deux villes. Le trajet est long, marque de deux arrets pour se restaurer, de deux controles des passeports par la douane laossienne, et enfin d'un arret important pour le passage de la frontiere chinoise. Fouille des sacs, tamponnage des visas, tout est en ordre. Arrivee a Mengla le 21 mai a 13h30, duree du voyage en bus: 26h30. Sans encombres, mais un pau "long"...
Le Lonely Planet decrit Mengla comme une ville lugubre, mais les trois heures d'attente pour ma prochaine correspondance me prouvent vite le contraire. Visite rapide d'un petit marche et de quelques rues, espionnage dans les arrieres cours des maisons, premiers pas en chinois. 17h, je grimpe dans un nouveau bus et les choses serieuses commencent alors. Je vais maintenant experimenter les transports chinois sauce aigre-douce. C'est un bus-couchette egalement, et chaque passager dispose d'un petit matelas de 40cm de large par 180cm de long (j'ai mesure), organises sur deux niveaux et trois rangees dans la longueur du bus. A l'arriere. les matelas occupent toute la largeur du vehicule, soit l'equivalent de 5 personnes s'entassant cote a cote sur 2m. Pour rigoler un peu, mesurez l'ecart entre vos deux epaules, vous serez etonnes... Je suis au fond, cote fenetre, colle contre un chinois bien portant, mais vraiment sympa et parlant le thai (pour sa defense). Quelques morceaux ecoutes sur mon Ipod, une nuit de demi-sommeil plus tard, et 615km plus loin, je me retrouve a Kunming, capitale du Yunnan, apres avoir admire un lever de soleil traditionnellement brumeux sur la campagne chinois. Il a fallut 10 heures 30 minutes au bus pour arriver a destination, et il etait prevu entre 11 et 12 heures de trajet, bonne surprise. Prix de la rigolade: 239 yuans.
A Kunming, pas une minute a perdre. Je saute dans taxi qui me traine peniblement jusqu'a la gare ferroviere. Assez de bus et de couchettes etroites, je tente le train, SANS COUCHETTE... Je suis maso? Non, pas que je sache... je veux tester... Je decide donc de me payer un billet pour Chengdu, place assise, 3eme classe, le moins cher possible, dans un train qui mettra 23 heures pour arriver a destination. Ce n'est pas trop cher effectivement, je serai demain a bon port pour la somme de 140 yuans. J'ai le temps de manger un bout, de me brosser les dents, de decouvrir l'immondice absolue des chiottes de la gare, et de surprendre deux jeunes tres fashion en train de faire leurs besoins accroupis et porte ouverte, et me voila dans le train. Il est 10h30 du matin, nous sommes le 22 mai.
Je prend une ou deux photos a l'interieur du train, pour marquer a jamais l'innoubliable souvenir de mon super voyage, ce qui me vaut alors un verte reprimande du controleur... Visiblement, en Chine, on ne prend pas de photos des trains ou des installations ferrovieres, voire meme des gares... Mes voisins de wagon son sympa, et une fois l'homme severe parti, tout le monde se fout de sa gueule et rigole de mon etonnement. Je suis maintenant assis a ma place, attendant patiemment d'arriver, et je regarde defiler les 1200km qui separent Kunming et Chengdu...

Quand je serai a Chengdu, et pour tout bilan de ces trois jours que j'aurai passe a trainer ma carcasse, je peux dire que sur 72 heures, j'en aurai passees environ 62 dans un quelconque moyen de transport, environ 4 bloque a un poste frontiere ou a l'autre, et probablement encore 4 autres a tenter de compter dans ma tete entre les differentes devises locales (bhats thailandais, kip laossiens, US dollars, yuans chinois...). Pour parcourir environ 2585km, il m'aura fallut 62 heures, soit une moyenne de 42 km/h... Ce n'est pas tres rapide, n'est-ce pas?...
 
Je suis bloque quelque part au nord du Laos, probablement a proximite de la frontiere chinoise, a Mohan. Apres une semaine tres flemarde, j'ai embarque hier matin a bord d'un bus qui devrait mettre 23 heures pour rallier Vientiane (capitale du Laos) a Mengla (province du Yunnan), premiere ville chinoise ou je dois trouver une correspondance direct pour remonter vers Chengdu. Depuis Vientiane, a la frontiere thailandaise, jusque Chengdu preasque au centre de la Chine, il y a environ 2500km, que je vais parcourir sans etape, le plus rapidement possible. C'est le challenge que je me suis fixe.

Apres avoir vu defiler les plaines rizicoles qui entourent Vientiane, puis decouvert les superbes paysages karstiques du nord du Laos, et enfin sentit plus clairement le changement de vegetation plus caracteristique du sud de la Chine avec ses monts couverts de forets, de bambous et de culture d'heveas, me voila maintenant arrete au milieu d'une route, assis dans un coin du bus, attendant le retour d'un officier des douanes laossien. En effet, par deux fois, nous avons ete arretes sur la route pour subir un controle de nos passeports. Les douaniers parlent tous chinois, et sont tres courtois avec moi. Ils le sont beaucoup moins avec les chinois qui occupent l'integralite du bus (je suis le seul occidental a voyager dedans...). Le premier controle a eu lieu cette nuit vers 2h00, et a reveille tout le monde en sursaut, dans un sommeil precaire et chaotique. Le second semble plus pointilleux celui-ci, alors que nous approchons de la frontiere. Quelques passeports ont ete effectiverment retenus et confisques pour verification. Cela fait maintenant environ 1h30 que l'officier les a emporte, et tout le monde patiente sous le soleil, il est 9h20, je suis dans ce bus depuis deja 22 heures, et il fait tres chaud.
Chacun vaque donc a ses occupations, et tente de tuer le temps a sa facon. Certains de mes compagnons de voyage chinois lezardent sur leur couchette, transpirant dans la chaleur matinale, sans sembler vouloir se debattre de quoi que ce soit... C'est pour ainsi dire la 20eme heure de sommeil d'affilee pour l'un d'entre eux, je remarque... est-il d'ailleur toujours vivant?... Pour certains autres, l'attente se resume a fumer une clope ou un bang, dans le bus, toussant tout ce qu'ils peuvent et se raclant la gorge a grand bruit pour envoyer par la fenetre un crachat de competition. Oui, au fait, ce n'est pas un mythe, le glaviot est bien un sport national en Chine, pratique aussi bien par les hommes que par les femmes. C'est assez deconcertant de constater que, si les mecs peuvent etre reellement etonnant dans la motivation qu'ils mettent a preparer meticuleusement leur "oeuvre", les femmes ne sont pas loin derriere en terme de creativite sonore... Puis les derniers de mes compagnons font sonner leur GSM a volume maxi pour comparer leurs nouveaux telechargements, et une femme nourrit son enfant bruyant dans un coin. Pour ma part, je tente de me concentrer a l'ecriture de cet article au milieu de ce concert improbable.
Enfin, le jeune chauffeur reparait, passeports en main, pointe du doigt la route, et nous voila repartis comme nous nous etions arretes, c'est a dire sans prevenir...
 
Oui, je dois le dire maintenant. J'ai ete tres PARESSEUX ces derniers jours. Peut-etre parce que je prepare un nouveau grand depart. Effectivement, dans 2 jours, je prepare mon entree en Chine par la tout petite porte... Quittant Nong Khai en Thailande le 20 au matin vers 6h30, j'entre au Laos a Vientiane une heure plus tard. Commence alors un tres long periple vers le nord, probablement melant le bus et le train, vers Chengdu, ma premiere reelle etape chinoise. Vientiane-Boten en bus surement. Boten est un village qui sert egalement de poste frontiere avec la Chine. J'espere y parvenir le 20 meme, dans la soiree. Les transport Laossiens n'etant pas tres fiables, j'espere pourtant parcourir les 750km qui separent les deux villes dans la journee. Je dois ensuite remonter depuis la frontiere jusque la premiere grande ville de chine, probablement Mengla ou Kunming pour y attraper un bus ou un train qui me trainera 1600km plus au nord vers Chengdu, capitale de la province du Sichuan. Le vrai challenge, c'est de faire les 2450km en peu de temps, melant bus, train, et tout autre moyen de me deplacer sur la route.

Pret pour ce grand changement de decor qui marquera le vrai depart d'une nouvelle aventure, je suis impatient de voir a quoi ressemble la Chine. L'asie du sud-est presente pas mal de similitudes geographiques d'une region a l'autre, et les cultures sont assez proches les unes des autres. En entrant en Chine et en me propulsant vers l'ouest du pays, je me rapprocherai alors plus d'une immense diversite de paysages, d'ethnies, et les changements seront plus frequents, radicaux et deroutants...

Vite vite, Mengla et Chengdu...
 
Roger, le canadien cool arbore fierement une moustache bien taillee, et des lunettes de soleil. En le regardant de plua pres, il me fait penser a Magnum... Il a la 50aine. Dans le bus pour Trat qui me rapproche de la frontiere du Cambodge, il me demande ou je vais. Puis ensuite, il me dit quíl va a Ko Chang, quíl est a la retraite, quíl a travaille dans líndustrie, quíl a arrete de fumer il y a 10 ans, quíl a arrete de boire il y a 2 ans, quíl sést construit une maison lui meme en rondins de bois, quíl a une soeur a Saint Malo, quíl a paye son billet dávion 450 dollars, quíl va sássoir a cote de moi, quíl perdu son passeport a Pekin une fois et quíl lá retrouve apres, quíl a la chiasse, quíl sést fait avoir par un tailleur a Bangkok, quíl a une moto Triumph dans son salon, quíl depense plein de fric, quíl adore les appareils photo Sony, quíl a fait le bon choix, quíl a change une vis une fois sur sa moto, quíl a trois proprietes au Canada, quíl a 5 voitures, quíl ná pas trop chaud, quíl ná pas de gonzesse, quíl a des problemes de poumons, quíl prend des cachets antimalaria, quíl a bien place son argent, quíl fait -30 degres chez lui, quíl a une chemise 100% coton, quíl.......
Je mets mon ipod en route, il retourne sássoir a son siege...

En descendant du bus, a Trat, je me retrouve avec 5 autres personnes (Roger est descendu avant...), un astralien, un coupe norvegien, et deux mecs allemands. Nous allons tous a Hat Lek pour passer la frontiere et rejoindre le Cambodge. Apres avoir trouve un vehicule a pris correct (100 bahts par personnes alors quón nous avait fait une offre a 900 par tete de pipe juste, 20 metres plus loin...), nous voila transbahutes vers le poste frontiere, ou une dizaine de rabatteurs nous sautent dessus, pour un visa, un controle de sante, ou je ne sais quelle autre fantaisie. Nous tenons bon, lúnion fait la force. Controle de la departure card, sortie de la Thailande. Arrivee au poste de controle cambodgien, un vingtaine de mecs nous sautent dessus pour dáutres choses diverses et variees, mais surtout pour des taxi. Les autorites nous accueillent froidement, et nous ne comprenons pas bien ou aller et comment faire. Nous devons passer a un bureau ici, puis revenir en arriere, faire une sorte de controle de sante ou on remplit un formulaire qui nous demande si on a de la fievre ou mal de tete, puis on en prend notre temperaturea la va-vite pour faire bien, et nous voila finalement devant le guichet pour le visa. Le prix semble changer tout le temps, et dans les histoires entendues tout le monde a paye 20 dollars, mais on nous demande 25. Qui croire vraiment? Cést un peu deroutant...
Nous comprenons enfin que nous devons payer cette somme, et apres avoir complete plusieurs formulaires supplementaires, nous sautons dans un taxi qui doit nous amener vers la gare routiere de ko klonhg pour acheter des billets de bus. Bien sur, le conducteur sárrete devant une agence, et ceux qui veulent des billets de bus les payent plus cher que prevu...
Moi, je decide de rester dans ce petit bled quelques temps, pour tenter de visiter un peu les alentours...
 
Formule employee par le pretre pendant le serment de mariage, au cours duquel les epoux echangent leur consentement. Pour la Thailande, cette formule fonctionne aussi, mais sans votre consentement a vous; elle vous y oblige.
Je pars demain matin pour le Cambodge. Si on peut dire que l'heure est au bilan, alors osons. Mais un bilan sur quoi? Sur la Thailande? Non, s'il vous plait, ne me demandez pas ca... Il faudrait plusieurs volumes, dont chacun aurait la taille d'un annuaire. Alors en fait de faire ce bilan, je partagerai simplement des humeurs. Je ne sais pas par ou commencer, alors en vrac.

DES VILLES:
Sans macher ses mots, elle sont dans l'ensemble bordeliques et polluees. Le moindre recoin de trottoir est encombre de vendeurs, d'echoppes, de stands, de plantes, de chiens qui dorment, de badauds... et je ne parle meme pas de Bangkok que vous devez imaginer comme une jungle dans laquelle plusieurs especes organiques, mecaniques et minerales se livrent une lutte sans merci pour la survie. Je me demande parfois comment le terre fait pour ne pas s'ecrouler sur elle-meme avec tous ces trucs dessus...Le tout, dans le brouhaha et le petaradement des moteurs, assaisonne des nuages brunatres des echappements. Par contre, tournez un coin de rue, et vous vous retrouvez dans une clairiere tranquille ou le cours d'un "klong" rafraichit l'air, ou vous pouvez surprendre un varan d'1m50 qui prend le soleil sur un ilot de beton, et ou la clochette d'un vendeur ambulant vaut pour le chant d'un oiseau.

DES THAILANDAIS:
Et ben c'est comme partout, y'en a des gentils et des mechants. La plupart sourirons sans raison, juste pour le plaisir d'echanger un regard ou par surprise de trouver un touriste egare dans un quartier eloigne. Quelques uns s'en ficheront, mais seront ravis de pouvoir discutter un peu de la pluie et du beau temps (surtout si vous balbutiez quelques mots dans leur langue). Les derniers vous entasseront comme du betail dans un pick up sans meme faire gaffe a vous, ou encaisseront le prix  votre lessive propre en vous arrachant les billets de mains avec une moue degouttee. La vraie vie quoi.

DU NATIONALSIME:
Apres deux heures en Thailande, vous ne pouvez plus ignorer le drapeau tricolore aux bandes horizontales car il flotte a chaque coin de rue. Au cas ou vous oubliez le nom du pays dans lequel vous vous trouvez, chaque tuktuk vous le rappelle en arborant fierement "Thailand" grave sur une enorme plaque en fer. Si vous ne connaissez pas l'hynme nationale, passez dans une gare chaque jour a 8h ou a 18h et vous lápprendrez par coeur. Si vous nétes pas sur de la provenance du petit sac que vous venez de vous payer au marche, jettez un coup dóeil a létiquette qui informera probablement "PROUDLY MADE IN THAILAND"...

DE LA RECHERCHE DE LA VRAIE THAILANDE:
En fait, ouvrez les yeux.
Certains cherchent a entrer en contact avec la Thailande, la vraie, la profonde. C'etait mon cas en arrivant. Et bien sachez qu'elle est partout, aussi bien dans les tres-fonds d'un village Hmong, que dans les clubs sulfureux de Pattaya. Chercher la Thailande authentique reviendrait-il a acheter une dentelle rue de l'etuve a Bruxelles? Qui dirait que c'est la Belgique authentique? En realite, et comme pour chaque pays du monde, la Thailande est multiple, et on en est bombarde sans relache pendant notre sejour, partout ou on se trouve. S'ouvrir a cela permet de l'accepter, simplement. en tout cas, la seule conviction que j'ai a ce sujet, c'est qu'elle est remplie de paradoxes et de contrarietes, et que si c'etait un humain elle serait schizophrene.

DE LA CONCLUSION:
Avez-vous deja attendu longtemps au restaurant, apres avoir commende votre plat? Tres longtemps? Longtemps au point d'etre tres ennerve, et de vouloir vous tirer en maudissant la cuisine, les serveurs, les couverts et la nappe? Puis a cette seconde vous recevez votre plat, et c'est le meilleur plat que vous n'ayaez jamais mange... Tellement succulant que votre ennervement s'evanouhi a la premiere bouchee. Frustrant pour votre ennervement? La Thailande. Une cuisine excellente qui se fait attendre et qui ennerve. Un bout plat asiatique, dans la plus pure tradition, sauce aigre-douce...
 
En direct de Bangkok, point sur les manifestations, et surtout sur leurs manifestants, plutot coooool...

Comme je me suis pas mal traine dans le coin de Siam Square ces deux derniers jours, j'ai pu guetter un peu les evolutions de la manif'. A oui, au fait, il faut ajouter un petite precision. Ici quand on manifeste, on fait pas un cortege pourri qui bloque deux ou trois avenues. On squatte les mega arters de Bangkok et on bouche TOUT, pendant cinq jours, jours et nuit sans discontinuer. Imaginez combien de gens il faut pour bloquer un tiers de la ville... Et ben il en faut plein...
Je mangeait vers 15h un truc -assez bon d'ailleurs- assis sur le rebord d'un trottoir tout proche du mega squat des chemies rouges, et un monsieur s'est approche de moi, et a echange quelques mots pour savoir si je savais ce que c'etait que cette manifestation. Difficile d'etre precis en Thai, mais on a reussi a rigoler quand-meme... C'etait un millitant detendu.
Ce soir, meme secteur, je marchais vers le sky train dont la station est juste au dessus d'un des point de rassemblement, et je me suis fais alpaguer par un groupe de partisants en tenue officlelle rouge, assis dans un pick up, musique thailandaise festive a fond les manettes. On a rigole, j'ai pu exercer une nouvelle fois mes talents en thai, et apres avoir brise la glace, ils m'ont offert de la biere, du whisky thai et des cacahuetes. J'ai hesite a rester faire la fete, mais je dois me lever tot demain (voir article au dessus). Apres un autre petit shot de cet excellent breuvage et un bon moment de rigolade avec le groupe deja un peu allume, je me suis tire, avec un T-shirt "red shirt" en cadeau................

Je reviendrai volontiairs manifester la prochaine fois...
 
Depuis ce matin, je suis donc seul pour voyager
En accompagnant Laura a l'aeroport, tot ce matin, les barages de la police se multipliaient sur la highway qui sert de peripherique a Bangkok. Le taximan rigolait sous leur nez, les nargant quelque peu. En effet, apres explication, je comprend que le chauffeur fait partie du mouvement politique des "chemises rouges"...

Apres le renversement de l'ancien premier ministre Thaksin en 2006, le mouvement des Chemises Rouges ne cesse de secouer le pays, demandant la demission du nouveau dirigeant, Abhisit. Ce mouvement, essentiellement populaire, paysan et ouvrier, existe depuis plusieurs annees et se fait appeler UDD (National United Front of Democracy Against Dictatorship). Il a multiplie les actions dans la rue ces deux dernieres semaines.
Lors d'un repas la semaine derniere a Ko Chang, je me rendais compte que toutes les TV dans les restaurants passaient en direct les negociations entre les representants du mouvement et le premier ministre Abhisit. Certains thais applaudissaient devant le petit ecran aux discours diffuses sur les chaines publiques. Ni plus ni moins, l'UDD demande la demission immediate d'Abhisit, dont le gouvernement est ronge par la corruption.

Alors que j'arrivais vers 13h a Siam Square, les rues en dessous du sky train se remplissaient de manifestants en rouge. Aucune tension perceptible parmi la foule qui s'amassait petit a petit, surtout une ambiance bon enfant, menee par plusieurs hauts parleurs, perches sur des camions et des pick-up decores et bricoles pour l'occasion. Les partisants ne cessent d'affluer a Bangkok depuis les regions alentours, et les rassemblements sont de plus en plus impressionnants.
C'etait assez incroyable de pouvoir, d'ailleurs, marcher sur l'une des avenues les plus encombrees de Bangkok, mais cette fois parmi des manifestants, et pas des voitures embouteillees. Quelques photos sympa en souvenir...
 
La bagnole direction le ferry de Ko Chang quitte l'hotel a 9h30. Ride en montagnes russes sur la route qui longe l'ile, et saut direct dans le bateau direction Center Point, sur le continent. Le ferry est a moitie rouille, c'est un miracle qu'il navigue encore avec une centaine de personne et plusieurs dizaines de vehicules a bord... Une nouvelles bagnole facon "transport de betail" nous traine jusqu'a la gare routiere de Trat, perdue dans les nuages noirs de son echappement. arrivee 11h57, le bus pour Bangkok quitte la gare a 12h. Apres 6 heures assis dans le siege, a subir les assauts de la TV embarquee qui diffuse en boucle les episodes d'une emission populaire en Thailande (volume sonore proche de l'avion au decollage), Bangkok pointe ses grattes-ciel a l'horizon.
Un taxi nous cueille a la gare, pour tenter de nous amener vers Thewet, quartier nord-ouest de Bangkok. Seul probleme; il faut traverser la ville de part en part. Sur Thanon Sukhumvit, une des arteres principales de Bangkok, un feu reste au rouge 14 minutes montre en main. Impossible d'avancer plus rapidement. Apres 3/4 d'heure, nous avons parcouru environ 2km, et la faim nous force a nous arreter plus pres finalement.
Point de chutte, Nana, quartier chaud ou jeunes thailandaises denudees et touristes bedonants se melangent dans des soirees monnayees, se baladent le long des trottoirs encombres de boutiques de DVD copies, de souvenirs douteux et de cafards de combat, et vident des cocktails au fond de bars eclaires par des neons roses criards...
Chaleur, bordel, paradoxes, bruit, traffic, entassement, foule, pollution, negociation... J'arrive pas a comprendre, mais j'adore Bangkok...
 
Dan a une petite maison le long de l'unique route qui longe la cote ouest de Koh Chang, au niveau de Hat Tha Nam. Sa maison, tout a fait Thai style, et le salon se compose d'une grande piece donnant sur la route, qui ne ferme qu'avec une grille faisant un peu penser a celle d'un magasin ou d'un garage. Pour seule mobilier, une table basse, deux coussins thais, un matelas fin, et un ventilateur. Une TV diffuse des emissions sur les chaines thai, plus pour l'ambiance.
Alors que sa femme, anglaise de Londres comme lui, prepare le repas, il nous accorde quelques minutes pour discutter. Il ne semble de toute facon pas tres occupe...

Depuis les 8 ans qu'il est installe dans cette maison, il a vu pas mal de batiments pousser tout autour. Pourtant, Hat Tha Nam est relativement epargnee par l'escalade touristique (surnomme "Lonely Beach"). Lonely Beach, c'est loin, et le touriste paresseux ne se pointe pas trop... C'est surtout la zone plus au nord, le long de "White Sand Beach" qui se trouve touchee par la mutiplication du nombre des grands resorts.
Neanmoins, explique-t-il, avec le nombre d'hotels et de restaurants qui ouvrent chaque qnnee, l'offre a surpasse la demande... Les etudes de marche ne sont meme pas effectuees, et au final, il y a trop d'infrastructures pour les nombre de touristes qui debarque sur l'ile... Certains hotels offrent une nuit pour trois achetees, d'autres acceptent de vous loger a n'importe quel prix, et les derniers sont finalement a vendre ou a remettre... Cette annee, seulement 50% des hebergements offerts ont ete remplis, et la haute saison s'est terminee bien plus tot que prevu... Normalement, on parle encore de haute saison jusque fin mars, mais cette annee elle etait  deja terminee fin fevrier. Ainsi, on voit en se baladant le long de la route pas mal de commerces a vendre, voire meme toute une zone ou les constructions sont laissees en plan, faute de fric.
Les yeux plus gros que le ventre? Pas seulement. La crise a cause pas mal de tort au tourisme a Koh Chang... Elle n'est pourtant pas la seule cause de ce manque de frequentation. Les investisseurs on bel et bien vu trop grand, et les seuls qui profitent finalement de cette situation sont les 3 ou 4 proprietaires de toutes les terres de l'ile(de riches Thailandais de Bangkok) qui louent ou vendent a prix d'or les terrains proches de la mer aux hotels qui se battent pour attirer les touristes trop peu nombreux.

Dan, avec ses trois ordinateurs arranges en cyber cafe dans son salon, ne gagne quasiment rien de cette activite. Il vend aussi quelques bouquins d'occaz, et en retire a peine de quoi manger en haute saison... Il se debrouille avec d'autres petites activites, ou avec ses reserves. De toute facon, confie-t-il, c'est toujours mieux que Londres. Puis une bonne odeur se degage de la cuisine, et les plats apparaissent enfin sur la table. il est l'heure du repas, et de quitter Dan, avec quelques infos rassurantes sur Koh Chang.
En effet, il ressort de ces infos que la course a la construction va peut-etre s'arreter a court terme, manque de visiteurs, et que les paysages cotiers de l'ile seront un peu sauvegardes. Avec environ 90% de sa surface recouverte de jungle dense, Koh Chang, parc naturel national, reste donc une ile sauvage, dans laquelle on peut marcher des heures sans rencontrer rien d'autre que des bestioles ou des singes qui vous quemandent des bananes...
 
De retour d'une petite balade de 6 heures dans la foret qui s'etend a l'interieur des terres de Koh Chang, je suis creve. Al a fin du trek, mle guide (un Thai super marrant et plein de respect pour la jungle, les animaux et la nature, avec mille deux cents histoires sur tout ce qu'on pouvait voir) nous a annonce qu'on avait parcouru environ 12 kilometres. Franchement, j'avais l'impression d'avoir marche le double...
Au detour de la piste, pas mal de choses sympa, et quelques insectes non moins sympa. Photos bientot... J'ai aussi appris une chose: on peut suer sans discontinuer pendant 6 heures, il reste toujours de la sueur... Pour finir completement trempe, sans savoir si c'etait la sueur ou la trempete dans les petits cours d'eau frais que l'on a traverses.
Quand on marche, mieux vaut regarder ou l'on met les pieds. Ici, il faut aussi faire attention a la ou on met la tete, parce qu'on a assez vite fait de s'empetrer dans un toile d'araignee bien degueue, ou de bouffer un nuage de moustiques avides en rigolant ou en parlant...
Au tableau de chasse de la journee, surtout des machins insectoides ou arachnoides, notament une tarentule de bonne taille, des papillons rivalisant de creativite de forme et de couleurs, et un groupe de macaques qui ont beaucoup aprecie nous piquer nos bananes, evidemment. Ah!!! J'oubliais: une espece de petite sauterelle tout a fait incroyable, se fondant parfaitement dans la nature en immitant une fleur blanche aux longs pistilles. Regroupee en petit groupes d'une vingteine le long d'une branche, on croirait voir une sorte de bouquet alors que c'est une colonie de bestioles... La vegetation semble pousser dans tous les sens, et comme dirait Forrest Gump a propos de la pluie, on ne sait parfois pas vaiment si les arbres montent ou descendent.
A garder en memoire, des images de nature luxuriante, et un silence uniquement trouble par les insectes et les oiseaux.

Une bonne nuit de sommeil qui m'attend..............