Quai de la gare, l’aube… Un train, locomotive gonflee de vapeur bouillonnante… Encore quelques pellete de charbon, et le sifflement strident de l’evacuation de pression brise le silence. Un long filet de fumee blaqmche brulante se repend verticalement, daqns la lumiere orange du levant… Le mecano fait retentit la cloche, le depart est imminent…Le vent souleve la poussiere, et les buissons morts roulent en travers de la rue principale… Les volets se ferment silencieusement, les rideaux sont tires discretement… Jambes ecartees, vieilles Santiags plantees au sol. Ternies par l’erosion du sable du desert… Nuque contractee, epaules figees, bras tendus vers le sol, a 45 degres de part et d’autre d’un corps absolument immobile, mains ouvertes fixement orientees vers le bas, en vis a vis du revolver qui git a l’exterieur de chacune des cuisses, dans son holster en cuir vieillot, plaque sur u nvieux jean’s elime par des annees passees a chevaucher sous le soleil… Yeux mi-clos, tentant de percevoir le moindre movement de la statue faisant face a une dizaine de matre, postee dans l’exacte meme position, guettant l’exacte meme chose, a cet exact meme instant… Aujourd’hui, l’un des deux quittera la ville, les pieds devant…   Cette ville est trop petit pour nous deux… Ce train est trop petit pour nous 1500…   J’ai gagne le duel contre le millier de voyageurs, j’ai une place assise, dur. Beijing – Shanghai, 24 heures de trajet, moins de 12 euros, les places sont tres tres demandees. Alors on les vend sans se poser de questions sur leur disponibilite, mais aussi sans scrupule d’entasser ses sompatriotes. Au fur et a mesure des arrest dans les differentes gares, 10 personnes descendent, 30 autres montent. Les quelques places assises qui restent sont tres vites remplies, alors pour ceux qui n’ont pas la chance d’etre montes en premier dans le train c’est l’improvisation qui decide de leur confort. Ici, on a une 3eme classe, mais aussi une 3eme classe debout, une 3eme classe par terre, voire meme une 3eme classe “toilette”… Far West du transport en commun, le train en Chine renvoit a l’epoque ou les premiers chinois tenterent de faire fortune aux Etats-Unis en plein milieu des plqines arrides de l’Arizona. Je deserte d’ailleurs mon banc pour decouvrir les merveilles que recelent les wagons qui foncent dans la nuit quelque part dans le Jiang Su. Par les fenetres, le vent s’engouffre a grand bruit faisant voloer les rideaux bleus-grisatres et decoiffant de nombreux cheveux noirs. Il est 1h30 du matin, je me fraye un passage dans l’interminable corridor entre les sieges. En pleine nuit, un brouhaha assourdissant regne partout, et toutes les lumieres sont allumees. On discutte, on joue aux cartes, on ecoute de la musique a renfort de hauts-parleurs pour faire en profiter ses voisins, on reveasse, on mouche bebe… Ou alors on tente de dormer, ou on dort carrement si on est chanceux ou completement extenue. On multiplie les strategies pour se mettre a l’aise, et eviter de sentir passer les longues heures douloureuses dans un train surpeuple. On etend ses jambs en s’excusant poliment, on se trouve un centimeter carre de liberte pour poser ses pieds enkyloses, on se dandine sur son sean, on se leve pour stimuler sa circulation, ou on s’epanche tout simplement en forcant son voisin a batter en retraite et a ceder du terrain. Parfois aussi, on subit les kilometers en restant assis, stoique, le dos bien droit et le regard fixe… Si on n’a pas la chance de faire partie des premiers groupes cites ci-dessus, il reste cependant differentes options, demandant bien plus de creativite ou de resignation. Au choix. Je les decouvre en quittant un wagon relativement calme, commencant a enjamber un grand nombre de passagers juges au sol. Ici, un home s’est allonge au sol, sous les banquettes, entre les sacs et les pieds en fer. Il dort a poings fermes, la tete reposant sur un papier journal. Plus loin, quelques-uns l’imitent, mais c’est un horiare de train qu’ils partagent en guise d’oreiller. Par la, un vieux monsieur a emporte son propre tabouret pliant, au cas ou. Il a ete clairvoyant, et trone maintenant tel un vieux roi au sein d’une sale de chateau decadente, dans un demi sommeil presque solennel. Je depasse sur la droite une personne… non, deux personnes… Entassees dans la petite sale d’eau du train. La premiere est pliee en deux, allongee au sol sur un sac en toile. La seconde est pliee en trois, , recroquevillee dans le lavabo, les pieds vers le plafond… J’avance de plus en plus difficilement a traqvers cette jungle de bras, de jambs, de bagages et autres especes plus ou moins sauvages. Le terrain deviant tres accidente, et je dois m’aider de mes mains pour progresser en ecartant les divers obstacles. Un couple s’est installe le long du mur, moitie assis moitie couches sur leur unique baggage. A quelques metres de moi, un amas compact de corps obstrue definitivement le passage. Je dois renoncer, je ne gagnerai jamais le fond du train. Je rebrousse chemin, jetant un dernier regard vers la route que je n’ai pas pu emprunter, comprenant enfin pourquor depluis plus de 10 heures maintenant, je n’ai pas vu un seul vendeur de boisson ou de nourriture passer devent moi en poussant sa petite boutique ambulante, dans le corridor du train…
 
Oui, je ne sais... Je ne suis finalement pas dans la province de Mongolie Interieure... J'ai prefere rejoindre directement Beijing, pour retrouver un peu de "grande ville". Arrivee hier vers 16h, et je dois dire qu'a premiere vue, pour grande ville je suis servi. Il pleut aujourd'hui, et j'ai pas mal de petites choses a mettre a jour sur le site. Pour des photos, il faudra patienter plus tard dans la journee. J'avoue avoir ete assez paresseux pendant les jours de transports qui ont precede (au nombre de 4 d'affilee), mais j'ai bien deux ou trois trucs caches dans mon escarselle.
 
Le 12 juin... France - Uruguay 0-0, Pfffffffff !!!

Me voila a Niya, une micro ville au sud du desert de Taklamakan. Derniere ville etape du Xinjiang avant que je quitte la region. Cet apres-midi, je me jette dans u nbus qui traversera le desert direction plein nord, pour Korla. 720km. De Korla, je saute dans le premier train pour une ville a nom a peu pres imprononcable, ZhengxiangbaiQi, Mongolie Interieure. 3350km. Du Xinjiang et son desert aride, je me retrouverai dans les steppes de la frontiere de Mongolie, au nord de la Chine. Je m'attend a quelques heures... jours... de transport, bus, train et taxi reunis.

stay tuned...
 
3600m d'altitude, le lac de Karakul, 200km de Kashgar, 200km du Pakistan. Je retire difficilement mon sac a dos, j'ai oublie combien il n'est pas ratique d'avoir des manches longues. La neige entoure le lac, et les nuages se confondent avec les sommets environnant. Il est impossible de faire la difference entre le ciel et les montagnes. Est-ce d'ailleurs deja le ciel ici? Imaginer que derriere la brume, tout autour de moi, se cachent des sommets qui atteignent doucement plus de 7000m... Entre le blanc et le blanc, les eaux du lac refletent... du blanc...
Dans tout ce blanc, quelques petites taches vertes laissent devinder des prairies dissimulees ca et la. Dans ces taches vertes, quelques petites taches noires sont disseminees ici et la-bas. Des yacks. Un peu plus loin, ou beaucoup plus loin peut-etre, d'autres taches, grises. Des rochers. Parmi toutes ces taches vertes, noires et grises, une autre minuscule tache, rouge, celle-ci, se traine peniblement dans le paysage. C'est mon visage, congele et mal oxygene, qui disparait parfois derriere un appareil photo, pour immortaliser la vision de tout ce blanc.

Il est 16h, et 5 heures auparavant, j'etais dans un des endroits le splus chauds de la Chine, a la lisiere du desert de Taklamakan, 2500m plus bas, 200km plus loin. Entre Kashgar et Karakul, denivelee feroce, et paysages sans aucune comparaison possible de beaute, de hauteur, de creativite de formes et de couleurs. Du moins, je presume (a en croire tout ce qu'on peut lire sur cette route legendaire, la Route du Karakoram, vers le Pakistan), car le bus qui m'a monte jusque la etait mal eare, et ses vitres couverte de buee. Mes efforts pour tendre et tordre mon cou sont restes vain, je n'ai rien vu.
Nuages et buee sur le paysage, je dois avouer que le resultat n'est pas a la hauteur de mes esperances. Par ailleurs, une nouvelle fois, en plein territoire Ouigour, un enorme portail style chinois, un immonde restaurant d'altitude chinois, un repas chinois, et un chinois qui m'indique la yourte Ouigoure ou je suis cense passer la nuit. Les seuls Ouigour du coin tentent miserablement de vendre quelques chapeaux ou quelques colliers artisanaux, et un repas dans leur maison, un peu plus authentique que le batiment qu'on a pose sur le bord du lac.
Nuages et buee dans son esprit, altitude qui lui vrille le crane, apres 2 heures sure place la petite tache rouge decide de redescendre urgemment a Kashgar. Je pose peniblement mon sac a dos sur le bord de la route, et guette le moindre vehicule qui pourrait me sauver. Il n'y a plus grand monde, il commence a se faire tard, et je n'ai pour seule compagnie que quelques locaux et deux chiens loups qui batifollent sur les cailloux. Les gars qui passent me jettent des regards intrigues, ou peut-etre compatissant, et repartent en chevauchant leurs motos aussi fierement et agilement qu'un Kazhak chevaucherait un cheval. 18 h, un camoin passe finalement sur la route, je leve le bras, il freine, il s'arrete. Je grimpe, il va a Kashgar, je suis chanceux, autostop, 100% de reussite.

Nous descendons, les nuages et la buee de mon esprit se dissipent petit a petit. Nous descendons encore, et les nuages dans le ciel se dissipent aussi, petit a petit... J'ai devant moi le pare-brise du camion, immense ecran qui projete alors un des films les plus epoustouflant que je n'ai jamais vu. Je comprend alors que la Route du Karakoram soit si celebre. Des monts a plus de 7000m dominent du haut de leurs falaises vertigineuses une route posee au fond de vallees abruptes , d'anciens glaciers laissent leurs traces decoupant dans le paysage des saillies aux couleurs et aux contrastes qui semblent etre passees entre les mains de peintres impressionnistes, des massif de gres rouge dont les formes ont ete faconnees il y a dix mille ans par des geants en colere...

Il est 22h30, retour a mon hotel. Les nuages et la buee dans mon esprit ont maintenant cede la place a une nuit etoilee, ou la lune illumine pensees et souvenirs, qui resteront a jamais graves derriere la petite tache rouge... qui commence doucement a retrouver sa teinte rose, et qui sourie avant de s'endormir.
 
Je me prepare a passer ma seconde nuit a bord du train couchette K253, a destination d'Urumqi. Le train aura parcouri au total 3200km entre Chengdu et Urumqi en environ 48 heures. Moi, je descendrai a Turpan, 3000km pile et environ 45 heures apres le depart. Dans le wagon couchette, i lsemble que tout le monde soit parfaitement prepare, equipe et pret pour ce genre de voyage interminable. Une fois de plus, je suis le seul etranger dans tout le train, et je commence a me poser de serieuses questions (pour rire) sur l'avenir du marche touristique en Chine.D'une certaine maniere, je prefere ca, apres avoir ete parfois noye dans un flot de touriste en Asie du Sud Est.

Ainsi, une petite vie parallele s'organise tranquillement dans le wagon, et les familles ou groupes de passagers s'improvisent un salon avec les couchettes comme canape, une table de jeu avec deux gros cartons de cup noodles, une chambre a coucher avec une radio de fortune dans un coin. Un couloir court dans le wagon sur toute sa longueur, ouvert su rles espaces lits, assez exigus et depourvus de rideau ou de porte. C'est un open space, comme on dit dans le jargon bureautique. Chaque petit espace regroupe six couchettes superposees, trois de chaque cote sur trois niveaux. Je suis au dernier etage, avec vue imprenable sur le couloir, ce qui me permet d'occuper un position strategique pour espionner la petite societe en dessous, mais presque colle contre le plafond en revanche. Un petite table occupe le "rez de chaussee", entre les deux lits du bas.

On joue aux cartes (j'ai tente de comprendre quelque chose aux regles, mais sans aucun succes...), on nourrit bebe, on s'amuse avec son GSM, on lit une bande-dessinee, on regarde defiler les kilometres, ou on ne fait rien du tout. Il n'y a pas d'activite debile, tant que le temps passe... Pour ma part, en d'autres circonstances je serais devenu fou. Dans un train pendant deux jours? sans rien faire? ca va pas non?...
Mais j'ai appris a profiter du temps qui m'est offert, et qui est si precieux pour moi maintenant. Je le passe avec moi-meme, en toute tranquillite et en tout quietude, acceptant et decouvrant cette nouvelle occupation; rester deux jours dans un train... Au gre des envies, je bouquine, je photographie le paysage, j'observe les gens, j'ecoute de la musique, je reflechis, j'ecris mes articles, je visite le train, je souris aux passagers, je mange un morceau, ou encore je ne fais rien, allonge sur ma couchette mi-moelleuse en mattant le plafond. C'est tellement nouveau, ne rien faire... et je l'accepte. De toute facon, comment faire autrement? la seule maniere de se rendre de A vers B en Chine, c'est de rester 2 ou 3 jours dans un train. Alors laissons faire, et decouvrons avec plaisir cette activite dont j'avais completement oublie l'existance depuis presque 10 ans.

Oh, j'avais bien tente de la pratiquer quelques fois... Je dis bien tente, car la mauvaise conscience m'en avait aussitot retire tout plaisir, et donc egalement le luxe de l'apprecier. Mais maintenant, je l'apprivoise, et ma conscience est de mon cote cette fois-ci. Ne nous privons pas, alors.
 
Le train pour Chengdu, il est 18h, le 22 mai.
J'ai change de wagon pour trouver un espace plus vivable ou reposer mes fesses. Ici, c'est un peu moins bonde. Au fur et a mesure que le train avance le long des superbes paysages de CHine, je sens des regards insistants se poser regulierement surt moi. On me guette, et quelques voyageurs plus intrepides osent meme me tourner autour pour observer ce que je fais, matter mon Ipod, ou juste avoir la chance de decouvrir un bout de mes tatouages. L'un des jeunes du wagon finit par surmonter sa timidite ou sa politesse, et engage finalement la conversation dans un anglais tres hesitant. Je ne parle pas un mot de chinois, je suis frustre. Quelques uns de ses amis le rejoignent alors, voyant que je ne suis pas un fantome, et chacun y va de sa blague incomprehensible pour moi, en chinois. Au fil des minutes, un petit groupe se forme autour de moi; quelques uns de ces mectons semblent etre un peu des "bad boys", mais cela se resume rapidement a une coupe de cheveux desordonnee, a une clope eteinte pendouillant aux levres, et a un blouson mal arrange sur leurs maigres epaules. Nous finissons par grignotter un bout et a boire une biere tous ensemble. Je ne sais pas vraiment si j'apprecie cet attroupement, mais je peux au moins pratiquer un peu de chinois basique. Ce qui est sur par contre, c'est que ca ne plait pas du tout qu representant de la police en service dans le train... Il intervient vers 22h45, et mets severement fin aux festivites, en me priant de la suivre. il me balance plein de phrases en chinois. Je ne comprend rien bien-sur, mais je ressens clairement son enervement. Je comprend egalement qu'il veut m'eloigner du groupe un peu trop jovial a son gout. Je lui fais remarquer que j'ai paye pour une place assise et que je suis dans le wagon de 3eme classe, conformement a mon billet, et que je ne faisais que parler avec de nouvelles connaissances, mais il s'obstine a me crier dessus en chinois, repetant parfois betement mes phrases en anglais pour se moquer de moi. Le fait est que dans le wagon, tout le monde sans exception parlait tres fort, consommait de l'alcool, voire meme crachait au sol... Nous ne faisions donc visiblement rien de "mal".
Malgre tout, je finis en "quarantaine", assis dans le wagon restaurant, a rediger ce petit texte a la con, et a me remettre de cette injustice, apparemment tout a fait juste pour la Chine...
 
Kunming, Yunnan, le 22 mai 2010... Premier vrai contact avec une ville chinoise digne de ce nom. Ca commence a etre serieux. Mengla a la frontiere du Laos n'etait qu'un tout petit echauffement... Je viens d'arriver et je suis plonge en pleine Chine, avec pour seule transition les heures de bus qui s'accumulent a mon actif. Programme que je me suis fixe; rallier Nong Khai a Chengdu, 2500km sans etape. Un peu couillu peut-etre dans cette region du globe, mais faisable et surtout une experience a vivre. En quittant Nong Khai, je prevoyais 3 jours complets de transport sans pause, et je n'etais pas loin du compte. En effet, me deplacer dans 3 pays differents en si peu de temps signifie au minimum 2 passages de frontieres (dont celui de la Chnie, interessant), et un bon nombre de correspondances a improviser ou a organiser...
A l'heure pret, voila donc ce qui s'est passe jusque la...

Je quitte Nong Khai le 20 mai a 5h45 du matin, direction la frontiere du Laos. Un saut en tuktuk qui me coute 30 bhats.  6h30, une longue file s'etire deja aux postes-controle, j'attend. Une fois la frontiere passee, je m'acquitte des 31 USD du visa laossien, et je saute sans un autre tuktuk direction la gare routiere nord de Vientiane, 30000 kip.
Il est presque 8h30, j'achete un billet pour embarquer a bord du bus-couchette qui me conduira a Mengla, enciron 50km a pres la frontiere chinoise de Mohan, au Yunnan, 34 USD. A 11h00 precise, le bus se met en branle, bonde de chinois bruyants, et de moi... Il prend la direction du nord, pour parcourir les 750km qui separent donc les deux villes. Le trajet est long, marque de deux arrets pour se restaurer, de deux controles des passeports par la douane laossienne, et enfin d'un arret important pour le passage de la frontiere chinoise. Fouille des sacs, tamponnage des visas, tout est en ordre. Arrivee a Mengla le 21 mai a 13h30, duree du voyage en bus: 26h30. Sans encombres, mais un pau "long"...
Le Lonely Planet decrit Mengla comme une ville lugubre, mais les trois heures d'attente pour ma prochaine correspondance me prouvent vite le contraire. Visite rapide d'un petit marche et de quelques rues, espionnage dans les arrieres cours des maisons, premiers pas en chinois. 17h, je grimpe dans un nouveau bus et les choses serieuses commencent alors. Je vais maintenant experimenter les transports chinois sauce aigre-douce. C'est un bus-couchette egalement, et chaque passager dispose d'un petit matelas de 40cm de large par 180cm de long (j'ai mesure), organises sur deux niveaux et trois rangees dans la longueur du bus. A l'arriere. les matelas occupent toute la largeur du vehicule, soit l'equivalent de 5 personnes s'entassant cote a cote sur 2m. Pour rigoler un peu, mesurez l'ecart entre vos deux epaules, vous serez etonnes... Je suis au fond, cote fenetre, colle contre un chinois bien portant, mais vraiment sympa et parlant le thai (pour sa defense). Quelques morceaux ecoutes sur mon Ipod, une nuit de demi-sommeil plus tard, et 615km plus loin, je me retrouve a Kunming, capitale du Yunnan, apres avoir admire un lever de soleil traditionnellement brumeux sur la campagne chinois. Il a fallut 10 heures 30 minutes au bus pour arriver a destination, et il etait prevu entre 11 et 12 heures de trajet, bonne surprise. Prix de la rigolade: 239 yuans.
A Kunming, pas une minute a perdre. Je saute dans taxi qui me traine peniblement jusqu'a la gare ferroviere. Assez de bus et de couchettes etroites, je tente le train, SANS COUCHETTE... Je suis maso? Non, pas que je sache... je veux tester... Je decide donc de me payer un billet pour Chengdu, place assise, 3eme classe, le moins cher possible, dans un train qui mettra 23 heures pour arriver a destination. Ce n'est pas trop cher effectivement, je serai demain a bon port pour la somme de 140 yuans. J'ai le temps de manger un bout, de me brosser les dents, de decouvrir l'immondice absolue des chiottes de la gare, et de surprendre deux jeunes tres fashion en train de faire leurs besoins accroupis et porte ouverte, et me voila dans le train. Il est 10h30 du matin, nous sommes le 22 mai.
Je prend une ou deux photos a l'interieur du train, pour marquer a jamais l'innoubliable souvenir de mon super voyage, ce qui me vaut alors un verte reprimande du controleur... Visiblement, en Chine, on ne prend pas de photos des trains ou des installations ferrovieres, voire meme des gares... Mes voisins de wagon son sympa, et une fois l'homme severe parti, tout le monde se fout de sa gueule et rigole de mon etonnement. Je suis maintenant assis a ma place, attendant patiemment d'arriver, et je regarde defiler les 1200km qui separent Kunming et Chengdu...

Quand je serai a Chengdu, et pour tout bilan de ces trois jours que j'aurai passe a trainer ma carcasse, je peux dire que sur 72 heures, j'en aurai passees environ 62 dans un quelconque moyen de transport, environ 4 bloque a un poste frontiere ou a l'autre, et probablement encore 4 autres a tenter de compter dans ma tete entre les differentes devises locales (bhats thailandais, kip laossiens, US dollars, yuans chinois...). Pour parcourir environ 2585km, il m'aura fallut 62 heures, soit une moyenne de 42 km/h... Ce n'est pas tres rapide, n'est-ce pas?...
 
Je suis bloque quelque part au nord du Laos, probablement a proximite de la frontiere chinoise, a Mohan. Apres une semaine tres flemarde, j'ai embarque hier matin a bord d'un bus qui devrait mettre 23 heures pour rallier Vientiane (capitale du Laos) a Mengla (province du Yunnan), premiere ville chinoise ou je dois trouver une correspondance direct pour remonter vers Chengdu. Depuis Vientiane, a la frontiere thailandaise, jusque Chengdu preasque au centre de la Chine, il y a environ 2500km, que je vais parcourir sans etape, le plus rapidement possible. C'est le challenge que je me suis fixe.

Apres avoir vu defiler les plaines rizicoles qui entourent Vientiane, puis decouvert les superbes paysages karstiques du nord du Laos, et enfin sentit plus clairement le changement de vegetation plus caracteristique du sud de la Chine avec ses monts couverts de forets, de bambous et de culture d'heveas, me voila maintenant arrete au milieu d'une route, assis dans un coin du bus, attendant le retour d'un officier des douanes laossien. En effet, par deux fois, nous avons ete arretes sur la route pour subir un controle de nos passeports. Les douaniers parlent tous chinois, et sont tres courtois avec moi. Ils le sont beaucoup moins avec les chinois qui occupent l'integralite du bus (je suis le seul occidental a voyager dedans...). Le premier controle a eu lieu cette nuit vers 2h00, et a reveille tout le monde en sursaut, dans un sommeil precaire et chaotique. Le second semble plus pointilleux celui-ci, alors que nous approchons de la frontiere. Quelques passeports ont ete effectiverment retenus et confisques pour verification. Cela fait maintenant environ 1h30 que l'officier les a emporte, et tout le monde patiente sous le soleil, il est 9h20, je suis dans ce bus depuis deja 22 heures, et il fait tres chaud.
Chacun vaque donc a ses occupations, et tente de tuer le temps a sa facon. Certains de mes compagnons de voyage chinois lezardent sur leur couchette, transpirant dans la chaleur matinale, sans sembler vouloir se debattre de quoi que ce soit... C'est pour ainsi dire la 20eme heure de sommeil d'affilee pour l'un d'entre eux, je remarque... est-il d'ailleur toujours vivant?... Pour certains autres, l'attente se resume a fumer une clope ou un bang, dans le bus, toussant tout ce qu'ils peuvent et se raclant la gorge a grand bruit pour envoyer par la fenetre un crachat de competition. Oui, au fait, ce n'est pas un mythe, le glaviot est bien un sport national en Chine, pratique aussi bien par les hommes que par les femmes. C'est assez deconcertant de constater que, si les mecs peuvent etre reellement etonnant dans la motivation qu'ils mettent a preparer meticuleusement leur "oeuvre", les femmes ne sont pas loin derriere en terme de creativite sonore... Puis les derniers de mes compagnons font sonner leur GSM a volume maxi pour comparer leurs nouveaux telechargements, et une femme nourrit son enfant bruyant dans un coin. Pour ma part, je tente de me concentrer a l'ecriture de cet article au milieu de ce concert improbable.
Enfin, le jeune chauffeur reparait, passeports en main, pointe du doigt la route, et nous voila repartis comme nous nous etions arretes, c'est a dire sans prevenir...
 
2500km, 2 ou trois jours a sauter de bus en bus sans break, j'ai deja 24 heures de bus-couchette dans les pattes, et 2920 histoires a ecrire...
Entre deux bus a Mengla, Chine, petit detour pour faire coucou. Avec un peu de chance, je suis a Chengdu le 23/05.

A SUIVRE...
 
Oui, je dois le dire maintenant. J'ai ete tres PARESSEUX ces derniers jours. Peut-etre parce que je prepare un nouveau grand depart. Effectivement, dans 2 jours, je prepare mon entree en Chine par la tout petite porte... Quittant Nong Khai en Thailande le 20 au matin vers 6h30, j'entre au Laos a Vientiane une heure plus tard. Commence alors un tres long periple vers le nord, probablement melant le bus et le train, vers Chengdu, ma premiere reelle etape chinoise. Vientiane-Boten en bus surement. Boten est un village qui sert egalement de poste frontiere avec la Chine. J'espere y parvenir le 20 meme, dans la soiree. Les transport Laossiens n'etant pas tres fiables, j'espere pourtant parcourir les 750km qui separent les deux villes dans la journee. Je dois ensuite remonter depuis la frontiere jusque la premiere grande ville de chine, probablement Mengla ou Kunming pour y attraper un bus ou un train qui me trainera 1600km plus au nord vers Chengdu, capitale de la province du Sichuan. Le vrai challenge, c'est de faire les 2450km en peu de temps, melant bus, train, et tout autre moyen de me deplacer sur la route.

Pret pour ce grand changement de decor qui marquera le vrai depart d'une nouvelle aventure, je suis impatient de voir a quoi ressemble la Chine. L'asie du sud-est presente pas mal de similitudes geographiques d'une region a l'autre, et les cultures sont assez proches les unes des autres. En entrant en Chine et en me propulsant vers l'ouest du pays, je me rapprocherai alors plus d'une immense diversite de paysages, d'ethnies, et les changements seront plus frequents, radicaux et deroutants...

Vite vite, Mengla et Chengdu...