Quai de la gare, l’aube… Un train, locomotive gonflee de vapeur bouillonnante… Encore quelques pellete de charbon, et le sifflement strident de l’evacuation de pression brise le silence. Un long filet de fumee blaqmche brulante se repend verticalement, daqns la lumiere orange du levant… Le mecano fait retentit la cloche, le depart est imminent…Le vent souleve la poussiere, et les buissons morts roulent en travers de la rue principale… Les volets se ferment silencieusement, les rideaux sont tires discretement… Jambes ecartees, vieilles Santiags plantees au sol. Ternies par l’erosion du sable du desert… Nuque contractee, epaules figees, bras tendus vers le sol, a 45 degres de part et d’autre d’un corps absolument immobile, mains ouvertes fixement orientees vers le bas, en vis a vis du revolver qui git a l’exterieur de chacune des cuisses, dans son holster en cuir vieillot, plaque sur u nvieux jean’s elime par des annees passees a chevaucher sous le soleil… Yeux mi-clos, tentant de percevoir le moindre movement de la statue faisant face a une dizaine de matre, postee dans l’exacte meme position, guettant l’exacte meme chose, a cet exact meme instant… Aujourd’hui, l’un des deux quittera la ville, les pieds devant…   Cette ville est trop petit pour nous deux… Ce train est trop petit pour nous 1500…   J’ai gagne le duel contre le millier de voyageurs, j’ai une place assise, dur. Beijing – Shanghai, 24 heures de trajet, moins de 12 euros, les places sont tres tres demandees. Alors on les vend sans se poser de questions sur leur disponibilite, mais aussi sans scrupule d’entasser ses sompatriotes. Au fur et a mesure des arrest dans les differentes gares, 10 personnes descendent, 30 autres montent. Les quelques places assises qui restent sont tres vites remplies, alors pour ceux qui n’ont pas la chance d’etre montes en premier dans le train c’est l’improvisation qui decide de leur confort. Ici, on a une 3eme classe, mais aussi une 3eme classe debout, une 3eme classe par terre, voire meme une 3eme classe “toilette”… Far West du transport en commun, le train en Chine renvoit a l’epoque ou les premiers chinois tenterent de faire fortune aux Etats-Unis en plein milieu des plqines arrides de l’Arizona. Je deserte d’ailleurs mon banc pour decouvrir les merveilles que recelent les wagons qui foncent dans la nuit quelque part dans le Jiang Su. Par les fenetres, le vent s’engouffre a grand bruit faisant voloer les rideaux bleus-grisatres et decoiffant de nombreux cheveux noirs. Il est 1h30 du matin, je me fraye un passage dans l’interminable corridor entre les sieges. En pleine nuit, un brouhaha assourdissant regne partout, et toutes les lumieres sont allumees. On discutte, on joue aux cartes, on ecoute de la musique a renfort de hauts-parleurs pour faire en profiter ses voisins, on reveasse, on mouche bebe… Ou alors on tente de dormer, ou on dort carrement si on est chanceux ou completement extenue. On multiplie les strategies pour se mettre a l’aise, et eviter de sentir passer les longues heures douloureuses dans un train surpeuple. On etend ses jambs en s’excusant poliment, on se trouve un centimeter carre de liberte pour poser ses pieds enkyloses, on se dandine sur son sean, on se leve pour stimuler sa circulation, ou on s’epanche tout simplement en forcant son voisin a batter en retraite et a ceder du terrain. Parfois aussi, on subit les kilometers en restant assis, stoique, le dos bien droit et le regard fixe… Si on n’a pas la chance de faire partie des premiers groupes cites ci-dessus, il reste cependant differentes options, demandant bien plus de creativite ou de resignation. Au choix. Je les decouvre en quittant un wagon relativement calme, commencant a enjamber un grand nombre de passagers juges au sol. Ici, un home s’est allonge au sol, sous les banquettes, entre les sacs et les pieds en fer. Il dort a poings fermes, la tete reposant sur un papier journal. Plus loin, quelques-uns l’imitent, mais c’est un horiare de train qu’ils partagent en guise d’oreiller. Par la, un vieux monsieur a emporte son propre tabouret pliant, au cas ou. Il a ete clairvoyant, et trone maintenant tel un vieux roi au sein d’une sale de chateau decadente, dans un demi sommeil presque solennel. Je depasse sur la droite une personne… non, deux personnes… Entassees dans la petite sale d’eau du train. La premiere est pliee en deux, allongee au sol sur un sac en toile. La seconde est pliee en trois, , recroquevillee dans le lavabo, les pieds vers le plafond… J’avance de plus en plus difficilement a traqvers cette jungle de bras, de jambs, de bagages et autres especes plus ou moins sauvages. Le terrain deviant tres accidente, et je dois m’aider de mes mains pour progresser en ecartant les divers obstacles. Un couple s’est installe le long du mur, moitie assis moitie couches sur leur unique baggage. A quelques metres de moi, un amas compact de corps obstrue definitivement le passage. Je dois renoncer, je ne gagnerai jamais le fond du train. Je rebrousse chemin, jetant un dernier regard vers la route que je n’ai pas pu emprunter, comprenant enfin pourquor depluis plus de 10 heures maintenant, je n’ai pas vu un seul vendeur de boisson ou de nourriture passer devent moi en poussant sa petite boutique ambulante, dans le corridor du train…

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