A Yarkand, je me suis marie. J'ai epouse mon sac a dos sans le savoir, en descandant du bus. Pour feter ca, les gentils chinois a l'accueil des hotels de la ville ont accroche de jolies boites de conserve multicolores et bruyantes a la Cadillac decapotable imaginaire que je conduit a travers les rues.

"Quel merveilleux couple vous faites... vous etes sublimes... nous sommes desoles mais nous n'avons aucune chambres pour votre nuit de noce... en compensation, voici une jolie boite de conserve coloree a acrrocher derriere vous... bonne route..." Une boite de conserve, deux boites de conserve, plein de boites de conserve. De plus en plus de bruit, de plus en plus de couleurs, derriere ma Cadillace decapotable imaginaire... Elles trainent derriere, elles s'entrechoquent, elles sonnent, elles piaffent, elles sautillent le long des cahots de la route. BLING BLONG... Je les regarde se multiplier dans le retroviseur. Je tourne a droite, elles valdinguent a gauche... je vire a gauche, elles voltigent a droite... Et personne ne se lasse de m'en accrocher de nouvelles. "Pas de chambre pour un non-chinois marie a son sac, desole... mais voici une petite decoration pour accrocher derrierevous... bonne route..."
Pendant deux heures, un a un, les gentils chinois a l'accueil des hotels de Yarkand me reufsent des chambres, et accrochent des boites de conserve, presents bruyants et colores, qui se cabossent derriere moi. Si bien  qu'a un moment, mon moteur surchauffe. Trop de boite a trainer, trop lourd. Trop de poids, ma bagnole peine a avancer. Mais c'est un jour heureux, je suis marie a mon sac a dos...

Enfin, un ennieme chinois derriere un ennieme comptoir d'hotel, accepte de me donner une chambre. Enfin. Une chambre pour moi et mon sac a dos... Pas de boite de conserve, juste un chambre, sans pretentions et sans eau chaude. Mon sac est fatigue, et reste se reposer dans la chambre sans pretention et sans eau chaude. Je le laisse se reposer, et pour ne pas le deranger ou le reveiller, je repars dans Yarkand au volant de ma bagnole, trimballant toujours mes boites de conserve. Avec tout ce poids, je me traine vraiment, c'est pas facile et c'est bruyant, et puis c'est aussi fatigant. Je suis pourtant le seul a les voir, mes boites de conserves, et aussi a les entendre. Mon marige, mes cadeaux, lourds et colores. cabosses et bruyants. Personne d'autre ne les voit mais je les trtaine peniblement depuis que les chinois me les ont offertes en me refusant des chambres d'hotel, par dizaines...
Comme je roule vraiment trop doucement pour les avenues Yarkand, et que j'ai aussi peur que d'autres viennent m'en ajouter encore d'autres, je bifurque dans les petites rues de la vieille ville, pour me cahcer un peu et rouler a mon rythem. Lentement. Les ruelles sont presque vides. Presque. Seuls quelques enfants s'amusent ici et la.
L'un d'entre eux me voyant passer tombe en arret. Son regard s'illumina alors... Il les a vues... Il a vu mes boites de conserve, qui trainent peniblement derriere moi. Il s'approche, en attrape une, la decroche, et la transforme en un tamtam au son exotique.Il tambourinne joyeusement dessus, et me sourit si fort. D'un large sourire plein de gratitude pour ce cadeauque je viens de lui faire. Une boite-de-conserve-tamtam, un jouet pas cher... Un autre accourt alors, decroche une autre boite de conserve, et la transforme en etincelant chapeau de prince. Il bombe fierement le torse, et me sourit aussi, du meme sourire que son camarade. Puis un troisieme, et encore un autre, et puis tout un groupe... tout un groupe d'enfant qui decrochent une a une mes boites-de-conserve-fardeau pour les transformer en jouets magiques et merveilleux. Mes boites de conserves invisibles deviennent des masques de robot invisibles, des chateaux forts invisibles, des ballons de foot invisibles, des coffres remplis d'or, des appareils photo, des coquillages pour ecouter le mer, des instruments de musique... invisibles... Et les enfants decrochent finalement toutes mes boites, me gratifiant de sourires ingenus et lumineux, courant autour de moi, s'essayant timidement a dire "hello", rigolant de mes tatouages, trepignant impatiemment pour une photo...

Je suis leger, libere du poids de mes boites de conserve, que les adultes avaient acrrochees derriere moi. Libere du poids de mes boites de conserve que les enfants ont decrochees avec leurs sourires et leurs rires. Encore plus leger, porte par leurs regards emerveilles, je reprend ma route empli de bonheur, trainant cette fois ci derriere moi un chapelet de gosses colores et bruyants, heureux d'avoir de nouveaux jouets imaginaires, qu'un inconnu bizarre leur a offert  dans un conte d'un jour de juin, a Yarkand.

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